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Photo du rédacteurThierry Bardy

cybersecurité ; Pourquoi le secteur attire tant les opérateurs télécoms



Fl. D.


Avec l'arrivée de Free sur le secteur, les quatre principaux opérateurs français sont actifs sur le très dynamique marché de la cybersécurité. Idéalement placés pour bloquer la menace, ils découvrent que concilier croissance et rentabilité n'est pas si simple.

De la sécurité des réseaux à la cybersécurité, il n'y a qu'un pas… Les quatre principaux opérateurs télécoms français l'ont désormais tous franchi. En se lançant début avril par le biais de sa filiale Free Pro, Iliad a été le dernier à partir à l'assaut de ce marché en pleine explosion, alors que la menace informatique s'intensifie. Premier arrivé sur ce front, en 2014, Orange Cyberdefense ​emploie déjà 3.000 experts et vient d'annoncer vouloir en recruter près de 800 en 2023, pour la deuxième année consécutive.

SFR ​et   Bouygues Telecom ​ne sont pas en reste, avec leur filiale consacrée aux télécoms d'entreprises. Ce volontarisme ne doit rien au hasard. « Les liens sont assez logiques entre les activités de connectivité traditionnelles des opérateurs et la cybersécurité », relève Alexis Jouan, analyste chez Xerfi et auteur d'une récente étude du marché.

« Filtres anti-arnaques »

De fait, les entreprises qui cherchent à se protéger sont toutes déjà clientes d'un fournisseur d'accès à Internet. Et ce fournisseur est alors idéalement placé pour analyser les données qui entrent et sortent chez sa cliente.

Pour cette raison, les opérateurs télécoms sont très attendus, alors que l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information vient d'appeler à « massifier » les efforts de protection informatique dans toutes les organisations, y compris dans les petites entreprises. Le gouvernement veut mobiliser Orange, SFR, Free et Bouygues Telecom pour déployer à l'automne prochain un « filtre anti-arnaque ». Capable de bloquer les adresses URL classées frauduleuses, ce système ressemble comme deux gouttes d'eau à certaines offres existantes.

« Les opérateurs télécoms ont une box dans toutes les entreprises, ils peuvent donc faire passer la cybersécurité à l'échelle : un patron de PME n'aurait rien à faire, il serait davantage en sécurité », remarque le spécialiste Gérome Billois, pour le cabinet de conseil Wavestone. Même s'ils ne sont pas infaillibles - les récentes fuites de données chez Orange Cyberdefense, Altice et Bouygues Telecom le montrent -, les opérateurs connaissent la menace mieux que leurs clients. L'accélération des opérateurs télécoms dans le domaine répond aussi pour eux à un impérieux besoin de diversification. Alors que les champions du Web comme Amazon, Netflix ou Google captent de plus en plus de valeur auprès du grand public, les marchés professionnels font office de nouvel eldorado. Mais dans cet univers, les activités traditionnelles, comme la téléphonie, souffrent tandis que la cybersécurité progresse.

Marge inférieure à 10 %

Certes, la rentabilité de ce nouveau métier est loin d'être évidente. Dans un contexte de pénurie de professionnels compétents dans le domaine, les recrutements puis la fidélisation des salariés coûtent cher. Pour embaucher ou pour vendre, la concurrence est rude face à de multiples acteurs, des entreprises de services numériques (Atos, Capgemini, etc.) aux cabinets de conseils et de plus en plus les grandes plateformes d'informatique à distance (cloud computing) comme Microsoft ou Google.

Par ailleurs, les opérateurs télécoms se limitent bien souvent à installer pour leurs clients des logiciels créés par des partenaires américains ou israéliens plutôt que de développer des systèmes innovants de détection des menaces.

« Ce sont des taux de marges très différents, inférieurs à 10 %, c'est-à-dire inférieurs aux marges historiques des opérateurs télécoms. C'est aussi loin de ceux avoisinant les 20 % d'un éditeur de logiciels de cybersécurité », souligne Stéphane Dubreuil, directeur conseil chez Niji. Avec le rachat d'ITrust, Free fera figure d'exception puisque l'entreprise créée par Jean-Nicolas Piotrowski conçoit ses propres technologies.

Mais la cybersécurité est un réservoir de croissance bienvenu pour les opérateurs. Présent dans plusieurs pays européens, Orange Cyberdefense revendique une progression de 14 % pour ses revenus 2022, à près de 1 milliard d'euros. En France, SFR évoque une augmentation de ses recettes cyber à hauteur de 20 % en 2022. Devant un tel dynamisme, sombrement relié à l'augmentation des risques, Orange réfléchit même à reprendre l'expertise aujourd'hui proposée aux TPE et aux PME au sein d'une offre grand public.

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