Camille Wong
Face à des pressions réglementaires accrues, la jeune pousse se finance avec une première levée de fonds d'un million d'euros.
La pression s'accentue sur les entreprises et les institutions financières. Les premières sont soumises à la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), dont le champ d'application va bientôt être élargi. Les secondes sont poussées par la réglementation SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) et la taxonomie qui les soumettent à des obligations de reporting extra-financier.
C'est dans cet horizon de réglementations que la jeune société Greenscope se positionne avec son logiciel « tout-en-un » et annonce lever un million d'euros auprès d'Epopée Gestion, Newfund NAEH et d'Archipel Ventures.
La start-up promet de simplifier la collecte et la visualisation sur différents critères, par exemple la parité femme-homme, l'empreinte carbone d'une entreprise ou encore l'estimation de l'impact d'une activité ou d'un investissement sur la biodiversité.
Renfort humain
L'automatisation ayant ses limites, Greenscope fournit aussi un renfort humain pour former notamment les équipes, vérifier les données, apporter une aide dans la rédaction des rapports et définir des plans d'action. La start-up a remporté plusieurs appels d'offres : la Société Générale, la Banque des Territoires, Chanel… Et en particulier des fonds de capital-risque, dont Epopée Gestion, qui est monté au capital.
Pour ces derniers, la pression réglementaire est de plus en plus forte, tout comme, par extension, leurs start-up au portefeuille. « Greenscope est plus avancé sur l'expertise d'enjeux comme les PAI [principales incidences négatives des décisions d'investissement, NDLR.] et le calcul d'alignement avec la taxonomie. Leurs produits et outils sont par ailleurs très bien faits », remarque Daphné Dupont-Gurs, investisseuse chez Ring Capital, client de la jeune pousse.
Analyse de risques
Côté entreprises, la CSRD apporte un concept majeur, celui de la double matérialité. En d'autres termes, il s'agit pour les entreprises d'identifier les enjeux ESG qui sont sources de risques et des opportunités pour leurs activités, et, de l'autre, de mesurer les impacts qu'elles peuvent avoir sur la société et l'environnement.
La start-up opère donc également des analyses de risques : « Si par exemple une entreprise s'implante en bord de mer, quelles vont être les destructions sur la faune et la flore ? De l'autre côté, quel sera l'impact de la montée des eaux sur le business ? » illustre Jean-Emmanuel Challan-Belval, le cofondateur, accompagné par le 10G, l'incubateur du Groupe Les Echos-Le Parisien.
Et l'entrepreneur, de préciser : « Sur la biodiversité, faute de standard, nous fournissons une estimation avec une marge d'erreur de 20 %, ce qui permet de donner des ordres de grandeur. »
Environnement concurrentiel
Depuis quelques années, de nombreuses start-up (Greenly, Sami, Carbo, Sweep…), dont certaines bien financées, se sont développées sur l'axe spécifique de la réalisation d'un bilan carbone destiné aux entreprises, l'une des composantes du reporting extra-financier. « Notre outil carbone par exemple, ne vise pas à les égaler, mais à avoir un super module de reporting pour les données carbone. Nous pouvons sans problème intégrer nos concurrents », poursuit le dirigeant.
Le marché n'en est pas moins concurrentiel, que ce soit du côté de cabinets d'audit traditionnels ou de solutions tech spécialisées dans le reporting des fonds, comme Tennaxia, racheté par Marlin Equity Partners. « Un marché avec une telle offre a tendance à tirer les prix vers le bas », remarque Daphné Dupont-Gurs. Sweep, qui a levé une centaine de millions d'euros, a aussi lancé en mai dernier un nouvel outil anglé sur la mise en conformité CSRD des entreprises.
Très discret sur ses revenus annuels récurrents (ARR), Greenscope prévoit cette année d'accentuer la R&D, notamment en améliorant les modules sur la taxonomie et la directive CSRD, ainsi que d'améliorer ses calculateurs carbone et biodiversité.
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