M. B.
Le monde de l'informatique a perdu l'une de ses grandes figures : Gordon Moore, ancien patron d'Intel, est décédé vendredi à l'âge de 94 ans. L'entrepreneur faisait figure de visionnaire pour avoir théorisé la fameuse « loi de Moore » selon laquelle le nombre de transistors sur une puce électronique de taille constante devait doubler tous les ans dans les années 1970, rythme ensuite ramené à tous les deux ans dans les années 1980.
Imaginée en 1965 alors que Gordon Moore n'avait pas encore fondé Intel, cette loi n'est pas une théorie scientifique au sens strict, mais davantage une prédiction économique dont la portée s'est révélée très pertinente… jusqu'à ces dernières années.
Course à la miniaturisation
La loi de Moore illustre parfaitement la miniaturisation qu'ont connue nos appareils électroniques ces cinquante dernières années : un téléphone portable aujourd'hui, même le modèle le plus ordinaire qui soit, a bien plus de capacités que l'ordinateur qui a permis le lancement de la fusée Apollo 11 à la fin des années 1960.
Cette course à la miniaturisation touche toutefois ses limites actuellement car si le leader des puces électroniques, le taïwanais TSMC, ou son principal concurrent le sud-coréen Samsung, sont capables de produire des transistors d'à peine 5 nanomètres (un cheveu, à titre de comparaison, mesure près de 100.000 nanomètres de large), les limites physiques - etle coût de telles innovations - font qu'il est désormais de plus en plus difficile de réduire encore la taille de ses fameuses puces électroniques que le monde entier s'arrache.
Le débat sur la fin de la loi de Moore est toutefois loin d'être tranché puisque le groupe Intel, que Gordon Moore dirigea de 1979 à 1997, et qui occupe désormais le 3e rang mondial dans l'industrie des microprocesseurs, concentre ses efforts de R&D sur des technologies de pointe qui permettraient une nouvelle architecture de puces électroniques.
L'héritage de Gordon Moore, quel que soit l'avenir de sa loi, reste immense pour toute la Silicon Valley. Il faisait partie de cette génération de pionniers qui ont fait de la « Valley » ce qu'elle est aujourd'hui : l'épicentre de l'innovation technologique.
Une génération de pionniers
Né à San Francisco en 1929, Gordon Moore était chimiste de formation et s'est très vite illustré par ses capacités entrepreneuriales : il fonde en 1957 sa première entreprise d'électronique puis démissionne de celle-ci en 1968 pour créer Intel, aux côtés de Robert Noyce, rejoint ensuite par Andy Grove, devenu un gourou du management.
Très attaché à la culture de l'innovation, Gordon Moore a toujours défendu les ingénieurs de son groupe et la nécessité d'investir dans la R&D. Tout en restant modeste sur la portée de sa propre découverte : « Une chose que j'ai apprise : une fois que vous avez fait une prédiction réussie, évitez d'en faire une autre », avait-il plaisanté lors d'un événement organisé en 2015 pour célébrer les 50 ans de la loi de Moore.
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