Adrien Lelièvre
Cette jeune pousse parisienne vient de lever 11 millions de dollars. Elle va aussi lancer une plateforme de NFT pour que les créateurs puissent monétiser leurs contenus.
Il faut des millions bien réels quand on veut ambiancer les mondes virtuels. Alors que le secteur du Web3 est en pleine ébullition - et charrie son lot de projets plus ou moins sérieux -, Kinetix a su trouver les mots justes pour amasser 11 millions de dollars en amorçage auprès d'Adam Ghobarah, The Sandbox & Zepeto (Naver Z), Sparkle Ventures, Entrepreneur First et des business angels de renom (Xavier Niel, Alexandre Yazdi, etc).
Fondée en 2020 par Yassine Tahi, Henri Mirande et Philip Belhassen, cette start-up parisienne a développé une plateforme « no code » (pour laquelle il est inutile de savoir programmer) qui permet à des particuliers de transformer des vidéos en 2D en animations 3D. Pour cela, il suffit de se filmer en train de danser, faire du karaté ou de jongler. Une fois le fichier importé sur la plateforme, Kinetix est capable de créer un avatar grâce à des algorithmes de deep learning.
Economie des créateurs
Le personnage animé peut ensuite être personnalisé en fonction de ses goûts et envies du moment, puis exporté dans des métavers, des jeux vidéo, de la publicité, des films, etc. De quoi démocratiser la création de ce type de contenus pour les personnes qui ne disposent pas d'un matériel coûteux (capteurs, logiciels de motion design, etc.).
« Nous observons une explosion du besoin en contenus 3D animés, répondant à la croissance exceptionnelle des mondes virtuels. Notre conviction est que demain tout le monde créera ses propres avatars animés afin de partager ses histoires dans le métavers », insiste Yassine Tahi, qui a rencontré son cofondateur dans le cadre du programme Entrepreneur First.
Au départ, Kinetix avait misé sur un modèle économique freemium. Mais la société, qui revendique plusieurs milliers d'utilisateurs, a changé d'approche et veut maintenant prendre le wagon du Web3, promesse d'un nouvel Internet décentralisé, en permettant à ses utilisateurs de créer des NFT à partir de leurs avatars en 3D. La start-up va ainsi lancer une marketplace à cet effet. « Ce modèle économique Web3 permet un plus juste partage de la valeur des créations. Les créateurs possèdent la propriété de leurs créations et nous percevons une faible part à chacune des transactions effectuées avec leurs NFT », déchiffre le patron. Kinetix a lancé sa version bêta en 2021 et propose sa technologie à des créateurs de contenus sur Roblox, mais aussi des tiktokeurs, youtubers, artistes, danseurs professionnels, développeurs de jeux vidéo, créateurs de film d'animation… « L'économie des créateurs est en pleine progression et la simplicité d'usage de notre plateforme donne des moyens à beaucoup d'entre eux de mettre un pied dans un nouvel univers en créant leur première animation 3D », commente le patron. The Sandbox, qui est au capital de la start-up, devrait être un débouché naturel pour ces personnes.
Avec ses ressources, la société veut aussi améliorer sa plateforme afin de créer des avatars en temps réel - il y a pour le moment quelques minutes de décalage entre l'importation du fichier et la création du personnage en 3D. Ce qui permettrait, par exemple, de filmer un concert et de le retransmettre en direct dans le métavers. Tout va décidément très vite dans les mondes virtuels.
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