-M. R.
Un cadre de vie agréable, une offre de services publics de proximité, des prix immobiliers raisonnables… Pour Caroline Cayeux, la crise du Covid-19 a révélé les qualités des villes moyennes.
omment expliquez-vous le regain d'intérêt pour les villes moyennes ?
Cetengouement n'est pas totalement nouveau. Entre la flambée des prix des logements, la galère des transports et les problèmes d'insécurité, les grandes métropoles commençaient, depuis plusieurs années déjà, à montrer leurs limites. A l'inverse, les villes moyennes, à la fois moins denses [leur population est comprise entre 10.000 à 100.000 habitants, NDLR], moins chères, tout en restant dynamiques, ont augmenté leur capital séduction. A Beauvais, nous avons ainsi gagné 1.800 habitants entre 2014 et 2018. La crise sanitaire n'a fait que renforcer l'attractivité de nos communes, qui sont un peu des villes à la campagne. D'après notre dernier baromètre des territoires publié en septembre 2020, 84 % des Français iraient y habiter s'ils avaient le choix.
Les villes moyennes ont également fait beaucoup d'efforts ces dernières années pour redorer leur image…
Pour attirer de nouveaux habitants, il faut s'en donner les moyens. Cela signifie entretenir le patrimoine et les espaces verts pour améliorer le cadre de vie, proposer des logements accessibles, développer une offre sportive et culturelle de qualité. Mais cela signifie aussi communiquer, exister au niveau national en participant notamment à des appels à projets. A Beauvais, nous avons aussi créé un service chargé de faciliter l'installation des nouveaux arrivants, en les aidant, par exemple, à trouver un logement adapté à leurs attentes ou une place en crèche pour leurs enfants.
Mais l'enjeu numéro un pour déménager n'est-il pas d'abord d'arriver à décrocher un emploi ?
C'est vrai. Vous avez beau offrir des conditions de vie très agréables, si vous ne proposez pas d'opportunités d'embauche, les gens ne viendront pas s'installer sur votre territoire. D'où l'importance d'avoir un tissu d'entreprises suffisamment dense.
A Beauvais, nous avons la chance de compter plusieurs fleurons industriels en croissance comme Isagri ou Agco Massey Ferguson. Mais des villes comme Valence, Albi ou Vitré, qui enregistre un taux de chômage d'à peine 5 %, connaissent aussi un fort développement économique.
Le développement du télétravail peut aussi ouvrir de nouvelles perspectives pour ces villes…
Dès lors que les salariés n'ont plus à faire la navette tous les jours vers leur lieu de travail, ils peuvent se permettre de s'éloigner des grands centres urbains pour bénéficier de meilleures conditions de vie. A condition que la ville où ils s'installent dispose d'une bonne couverture Internet et mobile et d'une liaison rapide vers la grande métropole. C'est la raison pour laquelle je me bats depuis plusieurs années pour que soit mise en place une ligne Paris-Beauvais en moins d'une heure.
Toutes les agglomérations de taille intermédiaire n'affichent cependant pas une pleine santé…
La situation est plus difficile, en effet, pour les villes du nord-est et du centre de la France, qui ont subi de plein fouet la désindustrialisation. Mais, grâce à la mobilisation des élus locaux et au programme Action Coeur de Ville, lancé en 2017 pour ramener de l'activité économique et des habitants dans les centres-villes, certaines commencent à redresser la tête. C'est le cas de Nevers, qui, en investissant massivement dans les nouvelles technologies, est devenu un modèle de smart city. Malheureusement, avec la baisse des dotations publiques et la perte de nombreuses recettes de fonctionnement liées à la crise du Covid, cela risque d'être beaucoup plus difficile à l'avenir de lancer des projets de développement aussi ambitieux.
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