En dépit de flous sur sa viabilité financière, la deeptech peut permettre aux entrepreneurs de jouer un rôle clé dans la résolution des défis environnementaux et sociétaux, estime Pierre-Eric Leibovici.
« La deeptech n'est pas juste un effet de mode, c'est un choix audacieux. C'est la volonté de construire un écosystème de toutes pièces. » (Shutterstock) Par Pierre-Eric Leibovici (cofondateur de Daphni) En début d'année, nous apprenions qu'un investissement de 500 millions d'euros de France 2030 allait être alloué pour faire monter en puissance le secteur de la deeptech. La puissance publique prend la mesure de l'urgence à investir dans des entreprises qui développent des solutions de rupture, à savoir Pasqal, Wandercraft, Pathway, Dioxycle, etc. Ce signal positif ne doit cependant pas obérer un élément clé : le tempo. La deeptech n'est pas juste un effet de mode, c'est un choix audacieux. C'est la volonté de construire un écosystème de toutes pièces. C'est le poumon qui permettra à notre industrie de respirer. Néanmoins, il faut garder à l'esprit que rupture ne rime pas avec express mais avec confiance et temps long. Paradoxe pour le milieu de l'investissement ? Question de la viabilité Les « technologies profondes » étendent nos ressources, permettent la création de nouveaux modèles d'utilisation et peuvent résoudre des problèmes fondamentaux qui échappent à l'esprit et l'imagination du plus talentueux auteur de science-fiction. Cela en fait néanmoins des projets moins accessibles, plus coûteux car à l'issue moins certaine. La deeptech, qui combine recherche approfondie et technologie appliquée, représente une occasion extraordinaire de repousser les limites de ce qui est possible. Pour faire de ce magma un acier durable, plusieurs impératifs se présentent au secteur. Anticiper la viabilité commerciale des solutions en développement […] augmente les chances d'aboutir à une innovation qui rencontrera son marché. Tout d'abord, il faut partir du problème à résoudre. Anticiper la viabilité commerciale des solutions en développement, en partant en premier lieu du sujet sociétal à adresser, ou du besoin humain à colmater, et non pas de la technologie elle-même, augmente les chances d'aboutir à une innovation qui rencontrera son marché. Ensuite, il faut miser sur des talents humains, sur une équipe, autant que sur l'idée elle-même. Des compétences complémentaires sont nécessaires à consolider une bonne idée initiale. Enfin, il est indispensable de créer un écosystème favorable. Si les entreprises deeptech commencent à intégrer les classements reconnus, avec 8 start-up à ce jour dans le classement Next40 & FT120, un élan plus important est nécessaire pour constituer un environnement holistique tourné vers l'innovation de rupture. La deeptech est le fruit d'un esprit pionnier, d'une passion pour la découverte et d'une volonté de remettre en question le statu quo. Révolution entrepreneuriale Les entrepreneurs de la deeptech sont les Daguerre, Gutenberg et Einstein modernes, cherchant à résoudre les problèmes les plus pressants de notre époque. Ils ne se contentent pas de créer de nouvelles applications, de digitaliser un processus métier ou d'améliorer des processus existants, ils visent à transformer fondamentalement notre monde. Lire aussi : Les gouvernements, les entreprises et les universités doivent collaborer étroitement pour favoriser l'innovation, valoriser leurs travaux et soutenir les entrepreneurs de la deeptech. Une organisation de la recherche repensée et une meilleure valorisation des travaux issues des centres de recherche publique, ainsi que des politiques de réglementation adaptées et pragmatiques, sont nécessaires pour encourager la création et la croissance de sociétés innovantes deeptech. La technologie peut être l'une des réponses à nos plus grands défis environnementaux et sociétaux. Dans un contexte où nous faisons face à une pression croissante sur l'environnement et à l'épuisement des ressources naturelles, la technologie peut jouer un rôle crucial pour préserver notre planète. Avec l'intelligence artificielle et l'apprentissage automatique, nos systèmes de santé, d'éducation, de travail sont révolutionnés, permettant un gain de temps considérable et des prises de décision plus éclairées. Pierre-Eric Leibovici est cofondateur de Daphni.
Comments