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Photo du rédacteurThierry Bardy

Les banques tentent l'aventure du métavers



Romain Gueugneau


Des grands noms de la finance ont récemment acquis des parcelles numériques sur des plateformes de métavers. Les applications demeurent encore limitées à ce stade. Mais le potentiel mérite d'être exploité.

Petit à petit, les banques entrent dans le jeu. Standard Chartered a annoncé cette semaine qu'elle se lançait dans le métavers. Le groupe britannique a acheté une parcelle numérique sur la plateforme The Sandbox, un éditeur de jeux vidéo et l'un des espaces virtuels les plus utilisés avec Decentraland et Roblox. « Notre engagement va nous permettre de réimaginer la relation avec nos clients actuels et futurs et d'apporter de nouvelles expériences », a commenté Mary Huen, la directrice générale de filiale hongkongaise de la banque, citée dans un communiqué. Avec cette initiative, Standard Chartered rejoint d'autres grands noms de la finance qui ont récemment plongé dans le grand bain du métavers. Même si leurs intentions demeurent à ce stade assez vagues.

Le pionnier JP Morgan

JP Morgan a ouvert en début d'année, par l'intermédiaire de sa filiale Onyx dédiée aux cryptomonnaies, un salon sur la plateforme virtuelle Decentraland, dans lequel des avatars peuvent se promener, admirer le portrait du patron Jamie Dimon, mais aussi s'informer sur la banque et ses initiatives dans le domaine de la blockchain. HSBC s'est également positionné sur le sujet en achetant en mars dernier une parcelle sur The Sandbox. L'espagnol Caixa a aussi inauguré il y a quelques semaines, via sa filiale dédiée aux services numériques Imagin, un café virtuel sur Decentraland. Les banques coréennes sont, elles aussi, en pointe sur le sujet.

Après les géants de la tech, les marques de luxe et les enseignes d'habillement, c'est donc au tour de la finance de s'intéresser à ces nouveaux mondes virtuels et immersifs, qui préfigurent le Web 3.0. Pour l'instant, il n'est pas question d'aller retirer de l'argent ou d'aller contracter un crédit dans une agence virtuelle. « Les applications sont encore très limitées. Le métavers est à ce jour un laboratoire pour les quelques banques qui s'y aventurent, et relève plus d'une stratégie marketing que d'une réalité industrielle pour le moment », considère Alain Clot, président de France Fintech. Les analystes demeurent assez sceptiques sur les relais de croissance pour le secteur.

Certains acteurs français se positionnent tout de même. La fintech Kard, qui propose des comptes bancaires pour les adolescents, vient d'annoncer son arrivée sur The Sandbox. Dans l'assurance, AXA a acheté en février une parcelle sur la plateforme hongkongaise. Mais les grandes banques françaises n'ont pas encore sauté le pas. « Il y a une certaine frilosité de leur part, car elles ne voient pas l'intérêt dans l'immédiat, reconnaît Thomas Rocafull, directeur associé au cabinet Sia Partners. C'est dommage car la prime au premier entrant peut être décisive. »

Les dirigeants de banques sont néanmoins attentifs au sujet, certains ont même testé l'organisation de réunions dans ces mondes virtuels. Mais sans s'engager plus loin. Les risques inhérents à cet univers, qui reste lié à l'environnement des cryptomonnaies et reste peu régulé pour le moment, peuvent refroidir plus d'un banquier.

Des perspectives dans le paiement

« Comme toujours avec l'innovation profonde, il y a une courbe d'apprentissage qui peut prendre du temps, prévient néanmoins Alain Clot. C'est aussi un moyen de montrer sa capacité à embrasser les nouvelles technologies, les nouvelles tendances et séduire ainsi de nouveaux talents. » Les pionniers du métavers en sont persuadés : le développement de ces mondes virtuels se fera avec la finance. Dans un rapport récent, JP Morgan assure que le succès du métavers « dépendra de l'existence d'un écosystème financier robuste et flexible qui permettra aux utilisateurs de se connecter de manière transparente entre les mondes physique et virtuel ».

« A moyen terme, on peut imaginer un nouveau canal de distribution avec des agences virtuelles, explique Thomas Rocafull. A plus court terme, les banques devraient avoir un rôle à jouer dans le paiement, alors que les transactions vont bondir dans cet univers. Il ne faudrait pas qu'elles se laissent déborder. » En attendant, les banques ont décidé d'exploiter le filon en termes de thématiques d'investissement. Parallèlement à son arrivée sur The Sandbox, HSBC propose à ses riches clients asiatiques d'investir dans un portefeuille d'actifs liés au métavers. BNP Paribas Wealth Management avait également inscrit le métavers comme l'un des cinq thèmes principaux d'investissement pour 2022.


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