Richard Hiault
Sous l'oeil de la Banque des règlements internationaux, quatre banques centrales d'Asie et des Emirats arabes unis ont testé pendant six semaines leur plateforme commune d'échange de monnaie numérique, mBridge.
Scruté par les ministres des finances du G20, le développement numérique des monnaies par les banques centrales et des réseaux permettant les transactions avance à grand pas en Asie. La Banque des règlements internationaux (BRI) a annoncé mercredi qu'elle présenterait lors de la Fintech Week de Hong Kong, du 31 octobre au 4 novembre, les résultats détaillés d'un test, effectué pendant six semaines au cours de l'été, de la plateforme mBridge. Cette dernière est conçue comme une plateforme commune sur laquelle plusieurs banques centrales peuvent émettre et échanger leurs monnaies numériques respectives.
Encore au stade de projet pilote, elle peut aussi permettre une connexion directe entre une banque centrale et des banques commerciales pour régler des opérations de commerce international.
Sous la surveillance de la BRI, la banque centrale des banques centrales, vingt banques commerciales de Hong Kong, de Thaïlande, de Chine et des Emirats arabes unis ont utilisé la plateforme pour réaliser 164 opérations de paiement et de change pour un total de plus de 22 millions de dollars.
Les tests réalisés entre le 15 août et le 23 septembre dernier ont permis de répertorier une quinzaine de cas d'utilisation transfrontaliers potentiels dans lesquels mBridge apporterait un plus significatif. Que ce soit dans le règlement d'opérations liées au commerce international, l'envoi de fonds, l'émission d'obligations numérisée ou les paiements générés par le commerce électronique.
L'Europe et les Etats-Unis en observateurs
Le règlement des échanges commerciaux a été privilégié lors des tests au regard de l'importance du commerce intragroupe entre la Chine, Hong Kong, la Thaïlande et les Emirats arabes unis qui s'élevait à 563,6 milliards de dollars américains en 2021.
Le commerce joue un rôle crucial pour chacun des pays, les exportations de marchandises ayant totalisé 18 % du PIB pour la Chine, 46 % pour la Thaïlande et 93 % pour les Emirats. A eux quatre, ils totalisaient près de 20 % du commerce mondial de marchandises en 2021.
Pour la BRI, le potentiel de mBridge pourrait croître si d'autres pays rejoignent le projet. Les tests ont d'ailleurs été suivis par la banque centrale des Philippines, d'Indonésie, de Malaisie, d'Israël, de Corée du Sud, de Suède ainsi que par des représentants européens et américains.
L'intérêt du projet se mesure à l'aune des surcoûts engendrés par les réseaux bancaires traditionnels. « Les coûts associés au modèle de correspondant bancaire sont substantiels - les estimations du secteur privé suggèrent qu'en 2020, pour près de 23.500 milliards de dollars de flux de transactions transfrontalières, les frais de transaction s'élevaient à environ 0,5 %, soit environ 120 milliards de dollars (hors frais de change), soit l'équivalent du produit intérieur brut du Maroc », souligne la BRI. Cette dernière souligne les avantages de ce type de plateforme : fournir des paiements et des règlements transfrontaliers plus rapides, moins chers et plus sûrs, des priorités identifiées par le forum du G20.
C'est aussi la possibilité de mieux intégrer les ménages et les entreprises qui n'ont pas toujours un accès suffisant ou abordable au système financier mondial pour les paiements. Par exemple, le coût des transferts de fonds entre des travailleurs immigrés et leur pays d'origine devrait être réduit.
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