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Photo du rédacteurThierry Bardy

Que sera la France en 2030 ?



Philippe Trainar


Il serait présomptueux de vouloir décrire par le menu ce que sera la France à l'horizon 2030. Seule certitude : elle sera beaucoup plus vieille et beaucoup plus dépendante qu'aujourd'hui, avec seulement 1,4 personne de 25 à 60 ans pour une personne de plus de 60 ans. A partir de là, schématiquement, deux grandes trajectoires alternatives s'offrent à elle : dans la première, la France retrouve la valeur du travail, de l'investissement et de l'innovation, et réussit à tirer parti des défis du changement climatique pour accélérer sa croissance ; dans la seconde, la France privilégie la valeur du temps libre, de la redistribution et de la décroissance, et bénéficie des plaisirs d'une stagnation heureuse.

La première trajectoire est la plus naturelle. Elle suppose un certain optimisme sur la capacité de chacun d'entre nous à apporter une contribution originale à la solution des problèmes communs. Elle n'attend pas de l'inflation, de la croissance importée ou de la redistribution la solution à notre endettement public excessif et à la montée en charge des retraites. Elle préfère travailler plus pour se donner la capacité de rembourser cet endettement et investir pour innover et affronter les défis de la transition climatique.

Elle parie sur la création de richesses supplémentaires pour améliorer les transferts sociaux au profit des plus démunis et pour financer les dépenses collectives dont nous avons besoin. Mais, pour libérer ces forces créatives de l'économie, il faut réduire les prélèvements et réglementations qui pèsent sur les facteurs de production, travail et capital. Travailler plus (quotidiennement, hebdomadairement et annuellement, ainsi que sur la durée de vie), épargner plus et investir plus sont la clé pour faire à coup sûr de la France une économie riche, en forte croissance et largement décarbonée à l'horizon 2030.

La trajectoire alternative est relativement attrayante car elle repose sur le principe du moindre effort. Elle se situe à la fois dans le prolongement des tendances observées au cours de ces dernières années et en rupture par rapport à elles. Elle a pour objectif de revaloriser le temps libre, de réduire les inégalités et de remettre en cause la culture de croissance, qui non seulement aliène l'homme au travail mais qui détruit aussi son environnement.

Point n'est besoin de jouer les Cassandre en ce qui concerne le déficit des régimes de retraite,l'explosion de la dette publique ou le retour de l'inflation. L'expérience récente montre que l'on trouve toujours moyen de s'endetter sans augmenter les taux d'intérêt, en créant de la monnaie, tandis que l'inflation constituerait plutôt une aubaine pour réduire la dette publique et diminuer les inégalités. Cette trajectoire parie sur les bénéfices d'une intervention publique accrue et de la redistribution des richesses, grâce à des prélèvements plus élevés. Travailler moins, valoriser les modes de vie alternatifs et redistribuer, telle est la clé pour faire de la France, à l'horizon 2030, ce modèle de stagnation heureuse dont la réussite dépendra de… sa bonne étoile.

Naturellement, d'autres trajectoires peuvent être imaginées, mais elles se situent toutes entre ces deux trajectoires maîtresses : celle d'une France optimiste, travailleuse, fortunée, en forte croissance et sans déséquilibre majeur, ou celle d'une France sceptique, voire pessimiste, repliée sur soi, frugale, inflationniste et fortement endettée. C'est là l'enjeu des prochaines élections présidentielles.

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