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Photo du rédacteurThierry Bardy

Transition écologique : créer un imaginaire collectif positif


Marie Eloy


A l'image du malade qui rêve de guérison, l'humanité a besoin de se raccrocher à la possibilité d'un futur désirable pour accepter les épreuves liées à la transformation.

Une COP28 dont personne n'attend grand-chose… L'Union européenne qui recule sur l'environnement… Alors que tous les indicateurs sont au rouge, pourquoi patauge-t-on dramatiquement ? Parce qu'on peine à imaginer le monde post-transition écologique. Les objectifs chiffrés et les prévisions scientifiques abondent mais ces données froides ne permettent pas de se projeter. A quoi ressemblera le futur ? Les imaginaires disponibles, souvent des dystopies, ne font qu'alimenter une société déjà gangrenée par la montée des extrémismes, la raréfaction des ressources, les conflits, les migrations et les catastrophes naturelles. Si c'est pour nous diriger fatalement vers ce cauchemar, à quoi bon s'agiter ? Autant continuer à profiter du confort tant qu'il est là.

L'enjeu, pour se bouger radicalement, est donc de construire un imaginaire positif. Un monde de demain qui parlera à nos tripes, à notre conscience et dans lequel nous pourrons nous reconnaître et espérer. A l'image du malade qui rêve de guérison pour tenir pendant les traitements, l'humanité a besoin de se raccrocher à la possibilité d'un futur désirable pour accepter les épreuves liées à la transformation.

A quoi ressemblera-t-il ? Régulièrement interrogés, nos scientifiques sèchent. Les intellectuels dénoncent mais sont peu nombreux à nourrir notre imaginaire. Et l'intelligence artificielle, abreuvée de récits occidentaux, nous propose des images de sociétés bien de chez nous pavées de vert et d'éoliennes. Qui peut croire que cela sera suffisant ? Quid du reste du monde ? Quid des interactions sociales et des modèles économiques et politiques ? Quid de l'irrationnel et de l'inattendu ?

Alors que nous avons remis notre destin entre les mains des scientifiques, des économistes, des politiques (et des lobbys), nous avons besoin qu'il soit tout autant guidé par les philosophes. L'humanité est en quête d'une vision pour demain. D'une révolution mentale digne de Copernic, qui a renversé la représentation de l'univers. Un monde où l'humain n'est plus au centre mais en harmonie avec son environnement. Un futur où joie et espoir remplacent peur et sentiment d'injustice. Et comme le sportif avant l'épreuve, nous aspirons à le visualiser en détail.

Pour trouver un début de réponse, nous pouvons piocher dans les transformations réussies : par exemple l'écoquartier de Vauban en Allemagne ou l'île de Samso au Danemark. A Vauban, certaines maisons sont positives, c'est-à-dire qu'elles produisent plus d'énergie qu'elles n'en consomment. L'eau est recyclée, le travail collectif organisé et les rues sont un paradis pour les enfants et la végétation. Tout a commencé par des citoyens unis autour d'un idéal de vie. Idem à Samso, la première île au monde entièrement passée à l'énergie renouvelable. Les points communs : une gouvernance participative, du pragmatisme et des économies à la clé. Ces exemples nous invitent à bâtir un monde collaboratif, constitué d'organisations sociales très diverses, locales et adaptées aux défis de leur territoire. Elles valoriseront plus que tout (et financeront) la santé, l'éducation (verte à tout âge) et le bien vivre ensemble, avec les plus vulnérables.

Cette prédiction paraît utopique ? Elle pourrait devenir autoréalisatrice. Le Covid a prouvé que nous pouvons changer radicalement de mode de fonctionnement. En co-construisant cet imaginaire collectif, nous reprendrons conscience de notre pouvoir de transformation. Comme le dit Edgar Morin : « Mon seul espoir, c'est l'improbable ! » Et si on décidait d'y arriver ?

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