2021 - ATELIER 3
Territoires, pivots du Next normal ?
Jean-Benoit Besset, Directeur de la stratégie et de la RSE à la Direction Technique et du Système d'Information d'Orange
Restitution de l'atelier / animation graphique
Pitch d'introduction
​
Dans les prochaines années, les territoires au pluriel pourraient bien être le pivot de l’articulation entre le global et le local et donc une des clés des transitions et de la « prochaine normalité ».
Les mesures liées à la crise sanitaire ont fortement contraint la mobilité et perturbé les échanges internationaux ; le monde a soudain semblé se rétrécir aux frontières européennes, nationales, régionales voire même à 10 km autour de chacun.
La crise a ainsi rappelé la réalité de notre ancrage physique à un territoire. Les entreprises, même les multinationales, ne sont pas hors-sol et les territoires devraient bénéficier d’un mouvement vers une production plus locale, plus proche des bassins de consommation. En outre, l’économie ultra locale, déjà très dynamique dans certains secteurs comme l’alimentation, a passé un nouveau palier stratégique avec l’adoption large d’une logistique hybride numérique et physique (click and collect, plateforme en ligne de commerces de proximité, dark food, etc.). Enfin, la crise a changé ce qui caractérise l’attractivité d’un territoire : infrastructure haut débit, rejet du tourisme de masse, territoires moins denses, foncier plus généreux, rapport à la nature, etc.
En revanche, pour accueillir cette nouvelle distribution démographique et entrepreneuriale, les territoires font face à de nombreuses inégalités, notamment en matière d’infrastructures médicales ou numériques. L’enjeu du Next normal sera de créer les conditions opérationnelles pour rendre ces territoires plus inclusifs et plus attractifs pour les entreprises.
Nos intervenants
Hugo Lambert, Manager EY spécialisé dans la conduite de politiques d'investissements territorialisées & Directeur du Laboratoire Territorial
En-tête 5
​
Compte rendu des interventions
Dans les prochaines années, les territoires au pluriel pourraient bien être le pivot de l’articulation entre le global et le local et donc une des clés des transitions et de la « prochaine normalité ».
La globalisation avait mis peu à peu au second plan ce concept. L’éclatement des chaînes de valeur, la constitution de réseaux étendus de firmes, dominés par de grandes entreprises mais aussi par la prolifération de petites entreprises à la « spécialisation flexible », ont pu donner l’impression que le « village global » avait réussi à dépasser les frontières qui furent longtemps celles des communautés humaines et entraîner l’humanité dans une croissance économique sans limite.
Cependant, la crise sanitaire est venue nous rappeler la fragilité du modèle et notre dépendance aux réseaux de proximité. Elle a fortement contraint la mobilité et perturbé les échanges internationaux ; le monde a soudain semblé se rétrécir aux frontières européennes, nationales, régionales, voire à 10 km autour de chacun. La crise a ainsi rappelé la réalité de notre ancrage physique à un territoire. Les entreprises, même les multinationales, ne sont pas hors-sol et les territoires devraient bénéficier d’un mouvement vers une production plus locale, plus proche des bassins de consommation.
Mais, quand on parle de territoire, de quoi parle-t-on ? La notion est difficile à cerner, tant elle est polysémique. Elle ne correspond pas à la même chose selon que l’on prenne le regard du juriste, du géographe, de l’économiste ou du sociologue. A défaut d’en donner une définition précise, nous pouvons nous repérer à partir des trois caractéristiques suivantes :
-
Un territoire suppose l’existence de et/ou de
-
Il fait appel à la proximité ou de continuité
-
Aucun territoire n'est donné, il est construit socialement
Les réseaux de proximité, ce sont les gens ou les activités qui sont proches de nous : les commerces locaux, les services locaux (éducation, médecine, culture...). Quand les liaisons internationales sont stoppées, il ne reste plus que le local.
Elles peuvent être précises s’il s’agit de frontières administratives (la commune, le département, la région, le pays) ou au contraire bien plus extensibles si l’on parle de bassin de vie ou de bassin d’emploi
Les réseaux de proximité, ce sont les gens ou les activités qui sont proches de nous : les commerces locaux, les services locaux (éducation, médecine, culture...). Quand les liaisons internationales sont stoppées, il ne reste plus que le local.
Elles peuvent être précises s’il s’agit de frontières administratives (la commune, le département, la région, le pays) ou au contraire bien plus extensibles si l’on parle de bassin de vie ou de bassin d’emploi
Situé géographiquement et façonné politiquement, il combine différentes ressources : matérielles (les infrastructures, les établissements publics, les lieux de culture et d’éducation…) et immatérielles (les savoir-faire, les compétences…). Le territoire est un lieu d’interférences, d’interactions et de coopérations ; le territoire est l’endroit où se construisent les identités.
Session plénière
Hugo Lambert, Manager EY spécialisé dans la conduite de politiques d'investissements territorialisées & fondateur du Lab Territorial, une plateforme collaborative sur le sujet ”économie et territoire”.
La crise sanitaire a montré les limites des interdépendances auxquelles nous a conduit la mondialisation. Elle a révélé la capacité du local et des petites entités à faire preuve d’agilité et elle a renforcé les liens de solidarité favorisés par la proximité. Elle a souligné s’il était besoin le caractère incontournable de la technologie mais aussi la nécessité d’une meilleure prise en compte des contraintes environnementales. Est-ce pour autant la fin de la mondialisation et le retour du localisme ? Sans doute pas. La vérité sera sans doute entre les deux : la première pourrait bien changer de nature, quant au second, il devrait se renforcer sans devenir hégémonique.
Face aux trois défis qui sont devant nous (transitions écologique, numérique et sociétale) la notion de résilience sera au cœur des transformations à venir. D’autant plus qu’il y a de la part des citoyens une demande croissante pour que les entreprises alignent leur performance économique avec la performance sociale et environnementale.
https://www.laboratoireterritorial.fr/
Voir à ce sujet le compte-rendu de l’atelier 2 du Club Open Prospective.
En France, trois facteurs favorisent l’adoption de ce nouveau modèle
-
Le développement des entreprises à mission ;
-
La définition et la mise en œuvre de raisons d’être ;
-
Le développement de l’économie sociale et solidaire.
Dans ce contexte, on voit se multiplier des offres locales (réseaux de producteurs, marketplaces territoriales…), durables (énergies renouvelables, processus de production décarbonés) et inclusives (financement solidaire, insertion par l’activité).
On a besoin de tester de nouvelles formes de coopération. Et ce besoin est incompatible avec le dirigisme et la centralisation.
« Dans le contexte schumpetérien actuel de mutations technologiques accélérées et enchevêtrées, le rôle du territoire change. Il devient (potentiellement) une matrice permettant l'émergence de formes
nouvelles de coopération et d’interaction, permettant de tester des trajectoires d’innovation inédites,
souvent à l'intersection de secteurs ou de mondes technologiques séparés. Au modèle colbertiste des
grands projets finalisés, finalement assez indifférents à leur spatialisation, succèdent des formes plus
darwiniennes et expérimentales qui sont grandement facilitées par la proximité » (Pierre Veltz)
Le territoire devient (redevient ?) un grand terrain de jeu qui rassemble ressources, compétences et partenaires.
Prévues par la loi PACTE de 2019 – voir : https://www.economie.gouv.fr/loi-pacte-croissance-transformation-entreprises
idem
Le retour au local est une façon de réduire les écarts de richesse entre métropole et zones rurales, de créer de l’emploi sur des territoires hors métropoles, de participer à la réduction des GES et de réduire les inégalités.
Mais le local ne se réduit pas à la très grande proximité. Il y a de toute évidence plusieurs échelles dont le niveau de pertinence dépend de l’activité : pour ne prendre que deux exemples, la résilience alimentaire doit être pensée au niveau des aires métropolitaines ; la fabrication de batteries électriques ne peut être envisagée qu’au niveau national voire européen.
Pour que ce modèle puisse essaimer, il faut développer la culture projet, briser les rigidités temporelles pour agir vite et repenser le territoire comme un terrain d’action.
Jean-Benoit Besset, Directeur de la stratégie et de la RSE à la Direction Technique et du Système d'Information d'Orange
« Il faudrait construire les villes à la campagne, l’air y est plus sain » A. Allais
Un constat de départ : sur 6 millions d’habitants supplémentaires en 2030 en France, 3 millions décideront de vivre « à la campagne ». Et, pour pouvoir s’installer durablement, il faut des connexions internet et mobiles fiables. Des connexions fiables, c’est une condition nécessaire pour attirer des entreprises ; c’est permettre l’installation de familles et garder un tissu social vivant (écoles, commerces, établissements culturels…) ; c’est enfin donner accès aux services publics qui se dématérialisent.
Force est de constater que la structure du réseau héritée des déploiements initiaux n’est pas égalitaire vis-à-vis des besoins de connectivité actuels, pénalisant fortement les zones rurales, principalement les zones hors agglomération :
-
Le réseau fixe a été conçu pour le téléphone : 100% de la population a accès au réseau téléphonique. Pour l’ADSL c’est très variable (il faut être à moins de 4,5 Km du central… et il y en a beaucoup moins en zone rurale qu’en zone urbaine dense) ; résultat, plus du quart de la population a un accès dégradé voire très dégradé à l’ADSL en France ;
-
L’ossature du réseau mobile a été conçue pour de l’i en ville et de l’ à la campagne ; résultat, 23 % de la population n’a pas d’accès à un réseau mobile en France.
Pour combler ce déficit, le pays consent un effort massif sur la fibre optique, sous l’impulsion des opérateurs comme des institutions publiques en zone les moins denses. A l’horizon 2025, 99 % du territoire sera couvert par la fibre.
On observe également un renforcement très marqué de la grille du réseau mobile en zone rurale, notamment sous l’impulsion de l’Etat, mais aussi des opérateurs. Dans le cadre du programme « New Deal » l’Etat renonce à monter des enchères sur les fréquences ; en contrepartie, les opérateurs s’engagent au déploiement des réseaux mobiles en zones rurales, déploiement piloté par les collectivités locales. Ces efforts commencent à porter leurs fruits mais on note encore que les zones rurales sont toujours moins bien desservies.
Jusqu’à aujourd’hui, la finalité du réseau n’a jamais été questionnée. La 4 G a été l’affaire exclusive des opérateurs. Pour la 5G, ces derniers ont travaillé avec les industriels. Faut-il associer la société civile pour débattre de la 6G ?
Par ailleurs, la fibre a la capacité suffisante pour assurer les services domestiques et professionnels dans les 10 ans à venir. Mais le réseau actuel n’a pas été pensé pour l’usage généralisé « machine-to-machine » (Internet des objets) qui se profile à moyen et long terme.
Face aux nouveaux défis auxquels nous devons répondre, un certain nombre de questions se posent. Quelle performance doit-on en attendre : le débit ? la latence ? la résilience ? la sécurité des données ? Doit-on viser la même performance pour tous, quel qu’en soit le coût et l’impact écologique ? Doit-on orienter la configuration des réseaux et services pour qu’ils soient des outils les plus efficaces de la transition écologique ?
Travail en atelier
Les participants ont été répartis en trois groupes, chaque groupe devant faire une étude de cas symptomatique de la période de la crise sanitaire pour tenter de saisir les impacts sur les territoires et se projeter à plus long terme : facteurs de succès, modèle, développement.
Le premier groupe a étudié l’entreprise 1083,
le deuxième le phénomène de Dark Kitchen et
le troisième la plateforme de co-avionnage » Wingly.
1083
Voir sur le site https://www.1083.fr/
Ainsi que la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=uthlnZQmISA
1083 c’est la distance (en Km) qui sépare les deux points les plus éloignés du territoire français. C’est le pari tenté par une jeune entrepreneur de Romans : relocaliser la fabrication de jeans (et plus généralement de vêtements) sur le territoire français, dans le respect des contraintes environnementales. Les jeans sont « bios » (coton biologique) et toutes les étapes de la fabrication font appel à des sous-traitants français : teinture, tissage, confection. Le prix proposé n’est pas supérieur à celui du milieu de gamme des jeans vendus sur le marché : en réduisant le nombre d’intermédiaires, on réduit les marges et on peut proposer un produit à un prix compétitif, même s’il est fabriqué en France
Les premiers succès ont conduit l’entreprise à développer deux autres projets : le « jean infini » (jean mono-matière en polyester totalement recyclé, racheté au client pour 20 € en fin de vie) et projet « linpossible » (relocaliser en France la filature de lin, alors que la France, premier producteur de lin au monde, n’en possède plus).
Facteurs de succès :
-
Le produit a un marché potentiel très large (tout le monde possède des jeans) et le prix proposé n’est pas dissuasif
-
L’entrepreneur a reconstruit la filière par la fin (mise en place d’ateliers de confection, en créant au passage une « école du jean ») et a remonté la filière jusqu’à la matière première (coton recyclé, jean « infini ») ; il a bénéficié pour cela du savoir faire qui restait en France sur ces métiers
-
L’entreprise fonctionne en écosystème solidaire avec toutes les parties prenantes.
-
La création de l’entreprise a suivi un mode original, non rationnel : évaluation des ressources (limitées par nature) et des pertes acceptables, gestion permanente de l’incertitude et flexibilité, contrôle.
Impact sur le territoire :
-
Le projet a permis de relocaliser la fabrication de jeans (et plus généralement de produits d’habillement : vestes, chaussures, T-shirts…) dans des zones industriellement sinistrées, et de créer des emplois (plus de 150)
-
Le projet a revivifié des savoir-faire qui étaient en train de disparaître
Généralisation :
-
Le modèle reste artisanal et le passage à l’échelle semble difficile : sur 60 millions de jeans vendus en France chaque année, 100 000 sont fabriqués sur le territoire national dont 25 000 seulement par 1083
Dark Kitchen / cuisine fantôme
Exemple de site : https://www.dark-kitchen.fr/
Et la vidéo : https://youtu.be/qbrymJ4iAlw
Les cuisines fantômes sont des restaurants qui n'ont pas de salle et qui sont conçus uniquement pour la vente en format livré. Ce type de restaurant est uniquement dédié à la vente sur les plates-formes de type Deliveroo ou Uber Eats. Ce sont donc des restaurants virtuels sans accueil client et sans espace de vente physique.
Avec une année ponctuée de fermetures administratives et de couvre-feu, le marché de la restauration a perdu 31 milliards d’euros en 2020, soit une baisse de son chiffre d’affaires de 35 %. Les restaurateurs ne sont pas restés inactifs pour autant. Ils ont cherché à se réinventer, à concevoir de nouveaux modèles, à réfléchir à des offres et services nouveaux : en direct ou en passant par les plateformes leaders comme Uber Eats, Deliveroo ou encore Just Eat, leur business model et leurs modèles opérationnels ont évolué, certains se spécialisant pour la livraison à travers le modèle Dark Kitchen.
La livraison a été ces dernières années le 1er contributeur majeur à la croissance de restauration en représentant 65% de la croissance du marché en 2019. Elle pesait alors 6% du marché. La crise de la Covid-19 a fait gagner des années de développement aux acteurs de la livraison.
-
46 % des Français y ont eu recours contre 40 % l'année précédente
-
7 livraisons sur 10 sont aujourd'hui assurées par les agrégateurs
-
95 % des indépendants en restauration rapide affirment vouloir conserver ce canal
-
de vente post-crise
Facteurs de succès :
-
offre en phase avec les tendances sociétales (gagner du temps, en efficacité, en confort)
-
pour le client : standardisation rassurante, augmentation du choix
-
pour les restaurants : investissements réduits, optimisation de la production
-
pour les plateformes (Uber Eats, Just Eat…) : création d’un besoin pour leur service de livraison, enrichissement de leur base de données.
Impact sur le territoire :
-
risque de perte d’identité, de perte du lien social
-
occupation de la voirie et précarisation
-
ubérisation
Généralisation :
-
création de plateformes en ligne de proximité (tous commerces)
-
alliance avec la restauration collective
Pour aller plus loin ....
Food truck, dark kitchen, street picking... la restauration rebat les cartes
Ophélie Colas des Francs
La crise accélère les mutations dans la façon de se nourrir et ouvre de nouvelles opportunités. En 2020, le secteur aurait essuyé une baisse de 31 milliards d'euros de son chiffre d'affaires, selon Food Service Vision. Un rebond est attendu.
Lesfood trucks redémarrent en trombe. On les disait en perte de vitesse, mais, à la faveur des fermetures répétées des restaurants depuis plus d'un an, ces camions cantines retrouvent des couleurs. Ils sont souvent lancés par des restaurateurs ayant déjà pignon sur rue, à l'image de Neon's Burger à Botans (Territoire de Belfort), mais aussi par des néo-entrepreneurs, comme la Casa Mama à Bordeaux (Gironde).
« Difficile de quantifier le phénomène, mais il y a indéniablement un engouement, explique Olivier Lignon, président de l'association Food Street en mouvement, fondée en 2012 par Thierry Marx et qui revendique 120 adhérents partout en France. Nous recevons beaucoup de demandes de renseignements par téléphone et devons refuser des participants à nos formations en ligne. » Olivier Lignon lancera cette année une Food Truck Academy.
La crise a aussi boosté une nouvelle forme de restauration en forte croissance ces dernières années : les dark kitchens. Ces restaurants sans salle créent une ou plusieurs marques virtuelles et opèrent uniquement en livraison via des plateformes comme Uber Eats, Just Eat ou Deliveroo. Pionnier du secteur, créé par Jean Valfort, Dévor se lance aujourd'hui en franchise. Pour les néo-entrepreneurs, la dark kitchen peut être un premier pas avant la création d'un établissement physique. C'est l'ambition de Neysar Saddi, cuisinier de formation et ancien livreur à vélo, qui a reçu une dotation de 9.000 euros de Deliveroo pour son projet de street food gastronomique à Paris. « L'idée est de tester mon concept sans payer de fonds de commerce », raconte l'entrepreneur de 33 ans. Il a évalué à 120.000 euros l'investissement initial pour créer son restaurant « en dur », contre quelques milliers pour démarrer sans salle.
La toute-puissance des plateformes de livraison, qui s'octroient des commissions de 20 % sur le chiffre d'affaires des restaurateurs, fait bouger les lignes. Quelques entrepreneurs ont choisi de se passer des services des agrégateurs et mettent en place le street picking, à l'image du restaurant Le Fort, géré par Valérie Pons, à Montauban (Tarn-et-Garonne). Le principe ? Donner de la main à la main au client son repas dans un point de collecte prédéterminé à l'avance. Une formule qui permet d'organiser une tournée pour conserver sa marge et lisser les coûts de la livraison.
Ces nouvelles organisations perdureront-elles ? Il y a fort à parier que oui. Les nouvelles habitudes de consommation à domicile se sont durablement installées. D'après Food Service Vision, le marché de la livraison de repas en France devrait doubler d'ici à 2024 pour atteindre 10,3 milliards d'euros.
Wingly
Voir sur le site : https://www.wingly.io/fr
Et la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=KrpcaBGT1hc
Wingly est une plateforme communautaire de co-avionnage. Le site permet de mettre en relation passagers et pilotes locaux privés. Les pilotes privés peuvent proposer les sièges vacants lors de leurs vols au départ d’aérodromes locaux. Lors de ces vols, le pilote partage alors les frais avec son ou ses passagers.
Le concept part d’un triple constat. Alors que chaque année 10 millions de sièges restent vides dans les avions légers, que l’aviation reste une passion onéreuse pour les pilotes, et que les vols privés restent considérés à tort comme réservée à une élite, l’entreprise démocratise l’aviation privée au travers de l’économie collaborative, grâce à une plateforme de réservation dédiée :
-
Horaires et destination sur mesure ;
-
Près de deux tiers des vols privés empruntent des itinéraires non proposés par les lignes régulières des compagnies aériennes.
La crise sanitaire a joué comme un formidable accélérateur : « Le Covid a convaincu de l’efficacité de l’aviation privée, loin de l’image hollywoodienne du jet, associée au luxe et au champagne. Notre service, en plus de faire gagner du temps à nos clients, assure une sécurité sanitaire infaillible » Thomas Flohr, fondateur et président de VistaJet.
Facteurs de succès :
-
Segment de marché non couvert par l’offre standard
-
Agilité et rapport au temps
-
A profité du développement du télétravail
-
Distanciation sociale (à comparer aux aéroports ou aux gares surchargées)
Impact sur le territoire :
-
Impact écologique très négatif
-
Peut participer au désenclavement
-
Nécessité d’une réglementation ?
Généralisation :
-
Intérêt pour les villes non desservies par les aéroports,
-
impact environnement ? (pollution, nuisance sonore, impacts sur les oiseaux…)
-
taxi-jets : mobilité urbaine ultra rapide (grands drones à décollage vertical)
Un village près de Brest au nord-ouest, Menton au sud-est
Y compris les clients : les premiers jeans ont été financés par du « crowdfunding »
​
​
​
​
​
Pour aller plus loin...
​
1) Isabelle Méjean (prof à Polytechnique, prix du meilleur jeune économiste 2020)
Spécialiste d'économie internationale. Les limites de la relocalisation
voir : https://legrandcontinent.eu/fr/2020/07/03/isabelle-mejean/
2) Olivier Bouba-Olga (prof à l'Université de Poitiers)
Spécialiste de l'aménagement des territoire et du développement territorial
Une approche plus centrée sur les collectivités locales que sur les entreprises
mais aussi : https://www.causecommune-larevue.fr/se_desintoxiquer_de_la_came
3) Sabrina Demine-Brullot (prof à l'UTT, Troyes)
Economie circulaire et territoire. Elle travaille sur le concept d'écologie industrielle et territoire (EIT) et sur le développement territorial durable
https://www.cairn.info/revue-natures-sciences-societes-2020-2-page-108.htm
4) Lise Bourdeau-Lepage (Professeur à l'Université Lyon 3, économiste et géographe)
Les territoires au temps de la pandémie : urgence sanitaire et impacts sociétaux
https://journals.openedition.org/developpementdurable/18178
​
5) la SCET (filiale de la Caisse des Dépôts)
Rapport très intéressant sur "Revitalisation des centres-villes : l’impact de la crise covid-19",
https://www.scet.fr/tendances-7-revitalisation-des-centres-villes-limpact-de-la-crise-covid-19
​
6) Make Ici (prix Liliane Bettencourt pour l'intelligence de la main 2020)
Cette initiative n'est plus celle d'un baba cool post soixante-huitard attardé mais est devenue une véritable entreprise industrielle
Objectif : relance des quartiers productifs
https://makeici.org/presentation/
et https://www.youtube.com/watch?v=weKIXxTQ1EI
7) Thomas Huriez (Président de 1083)
La marque de vêtements 1083 est un fer de lance du made in France, de l'économie circulaire et des circuits courts
1083 cela représente la distance en km entre les deux points les plus éloignés du territoire français
Réussit le pari de relocaliser l'industrie textile en France
Voir son interview dans les ECHOS en PJ
et aussi https://www.youtube.com/watch?v=87aLPNuesic
Comment relancer les territoires les plus fragilisés
L. T.
Chargé d'une mission sur l'accompagnement de sortie de crise, le député MoDem Jean-Noël Barrot formule 27 propositions pour accompagner les territoires vulnérables.
Des pistes pour donner un coup de pouce aux territoires les plus marqués par la crise. Chargé en janvier par le Premier ministre d'une mission relative à « l'accompagnement de la sortie de crise et du rebond économique territorial », le député MoDem des Yvelines Jean-Noël Barrot a remis son rapport mardi à Jean Castex. Le parlementaire y formule 27 propositions autour d'un « triptyque coopérer-territorialiser-régénérer ». « La plupart des mesures que nous proposons peuvent être mises en oeuvre sans coût supplémentaire et sans appeler forcément de grandes évolutions législatives », souligne-t-il.
Il est par exemple recommandé de faciliter le prêt de main-d'oeuvre entre entreprises. Notamment en prolongeant les assouplissements juridiques qui avaient été introduits par la loi de juin 2020 pour une période limitée. Mais aussi en expérimentant « pendant la phase de reprise la possibilité pour les salariés de cumuler activité partielle et prêt de main-d'oeuvre sur les heures chômées ».
Il serait aussi judicieux, selon le rapport, d'encourager « la réponse groupée aux appels à projets de France Relance ». « Les caractéristiques du tissu économique des territoires vulnérables rendent parfois difficile d'atteindre une taille critique de projets pour les rendre éligibles », est-il écrit.
« Pérenniser » le fonds friches
Alors que les plans de licenciement pourraient se multiplier, la mission conseille par ailleurs de « mettre à profit la hausse à venir des fonds de revitalisation en les ciblant vers les projets industriels locaux ».
Le rapport plaide aussi « pour une plus grande territorialisation » du plan de relance. Il est ainsi suggéré « d'orienter une part de l'enveloppe du fonds friche de manière privilégiée vers les territoires les plus fragiles », la réhabilitation des friches industrielles étant vue comme « un catalyseur de projets de territoire ». Plus fondamentalement, il faudrait, d'après la mission, « pérenniser » ce fonds friche - l'un des outils les plus populaires de France Relance, estime Jean-Noël Barrot.
Il s'agit aussi, selon le rapport, de répondre aux besoins d'ingénierie dans les territoires fragiles via la mise en place d'une plateforme de mise en relation de l'offre et de la demande. Autre piste : renforcer la gestion déconcentrée des crédits, avec par exemple la mise à disposition pour des services de l'Etat en région d'« enveloppes de subventions réservées au traitement de problématiques économiques localisées ».
Accueil des télétravailleurs
Pour donner un nouvel élan aux zones sinistrées, la mission conseille d'y développer l'offre d'enseignement supérieur - ce qui « a toutes les chances de jouer favorablement sur le développement économique local ». Ou d'« inciter les collectivités territoriales à développer une offre d'accueil des télétravailleurs ». S'y ajoutent des propositions destinées à accompagner les reconversions des sites industriels et des bureaux.
Au-delà, le rapport émet l'idée d'un « Pack rebond », c'est-à-dire d'un dispositif « d'accompagnement renforcé » qui serait mis à disposition des territoires les plus fragiles. « Ce serait une sorte de boîte à outils anti-décrochage qui viendrait se substituer aux zonages économiques et pourrait être insérée aux contrats de relance et de transition écologique (CRTE) conclus entre les intercommunalités et l'Etat via un avenant », explique Jean-Noël Barrot. Le rapport propose de le lancer dès 2022.
« Ces propositions feront l'objet d'une concertation avec les partenaires sociaux et avec les collectivités territoriales », a indiqué Matignon mercredi.
Promouvoir son territoire, un sport désormais national
Elodie Chermann et Mathilde Riaud
Surfant sur les envies d'ailleurs des Français, les territoires multiplient les campagnes de communication pour se vendre. Certaines collectivités territoriales jouent la carte de la coopération, mais les exemples de ce genre restent assez rares.
Vivre l'histoire de la vie en Saône-et-Loire. » « Le soleil se lève plus tôt chez. Ouvrez les yeux en grand… Est. » « Venez vivre le Périgord »… Surfant sur les envies d'ailleurs des Français, les territoires multiplient les campagnes de communication, dans les médias, dans le métro ou sur les réseaux sociaux, pour se vendre. « Pendant longtemps, beaucoup ont compté sur leur pouvoir de séduction naturel pour attirer », constate Christophe Alaux, directeur de la chaire attractivité et nouveau marketing territorial à Aix-Marseille Université. Mais depuis le lancement de la marque OnlyLyon en 2006, toutes les collectivités développent des stratégies de promotion structurées pour attirer des entreprises, des touristes, des touristes d'affaires mais aussi des habitants. « Avec le Covid-19, le contexte est porteur », souligne Antoine Angeard, directeur général du Cner, la Fédération des agences d'attractivité, de développement et d'innovation. « Il y a une opportunité à saisir. » Encore faut-il arriver à se distinguer dans le paysage. « Pas besoin forcément de dépenser des fortunes pour exister, assure Antoine Angeard. Il suffit de viser les bonnes cibles et d'inscrire son effort sur le long terme. » Pour maximiser les résultats, certaines collectivités territoriales jouent la carte de la coopération. « En 2006, les villes normandes de Caen, Rouen et Le Havre ont décidé de chasser en meute et de monter une marque commune, Normandie Avenue », raconte Antoine Angeard. Mais les exemples de ce genre restent assez rares. La culture de la concurrence a la dent dure.
Loire : à chaque ville sa stratégie
A Saint-Etienne, on fait du marketing territorial sans marque de territoire. A rebours des politiques fondées sur la notoriété, la 15e métropole française parle de « ses attractivités » : résidentielle, étudiante, économique, et bien sûr du design, son positionnement majeur. Elle vient de voter un budget de 1,5 million d'euros par an pour aller chercher les « talents exogènes ». Grâce à l'autoroute qui la relie à Lyon en moins d'une heure depuis 2012, la commune de Roanne entend devenir le « 10e arrondissement » de la capitale des Gaulles. Et de vanter la facilité avec laquelle « tout est possible » dans une ville de 37.000 habitants, comme de rencontrer le maire pour un entrepreneur. Sans négliger la communication, avec 90.000 euros par an. Montbrison, 16.000 habitants, mise sur l'attractivité de son centre-ville avec ses 400 commerces : « 6 millions d'euros investis dans l'espace public », revendique le maire DVD, Christophe Bazile. Mais c'est le label national Coeur de Ville qui a permis d'engager la réhabilitation d'une ancienne usine de poupées et de décrocher, il y a quelques semaines, un centre de formation du CNAM.
Champagne : l'enseignement supérieur comme moteur
Situées à moins de deux heures de la capitale via les autoroutes A4 ou A5, les villes de Champagne ne manquent pas d'atouts pour attirer des Franciliens en mal d'espace et de nature. « Si l'arrivée du TGV, il y a plus de dix ans, n'a pas eu d'impact réel sur la démographie, les confinements successifs ont entraîné une forte hausse des demandes de maisons », observe Eric Redouté, directeur d'un réseau d'agences immobilières à Reims. Résultat : les prix ont augmenté de 5 à 10 % en moyenne, depuis un an, restant toutefois cinq à sept fois inférieurs au marché de la capitale. Un argument central pour les stratégies de marketing territorial. Les agglomérations champenoises, Reims, Troyes ou encore Châlons-en-Champagne, mettent aussi en avant le dynamisme du tissu associatif et culturel local et l'offre de formation supérieure, avec l'Institut catholique de Paris à Reims et l'université de technologie de Troyes. Un critère désormais déterminant dans le choix d'implantation des cadres.
Finistère : un accompagnement pour les nouveaux arrivants
Afin de faire oublier leur situation du bout du monde, une trentaine d'entreprises du Finistère, parmi lesquelles Crédit Mutuel Arkéa, Armor Lux ou le groupe de presse Télégramme, ont créé dès 2001 l'association Investir en Finistère. « Pour inciter les salariés à venir nous rejoindre, nous avons développé un service d'aide à la recherche d'emploi pour le conjoint », indique la directrice de l'association, Françoise Le Lann. Annabel Martin, une ancienne Parisienne aujourd'hui à la tête du cabinet Carrières Nomades, à Brest, intervient en complément pour aider les nouveaux arrivants à se loger, inscrire les enfants à l'école ou même trouver un job. Jusqu'à présent, elle avait l'habitude de suivre en moyenne 150 personnes par an. « Depuis janvier, nous en avons déjà accompagné 157, venues de Paris, du nord de la France ou du Midi. » Un raz-de-marée.
​
Environnement, immobilier, emploi : la nouvelle course à l'attractivité
Jennifer Matas
Un peu plus d'un an après le début du premier confinement, le quotidien mais aussi les projets de vie de nombreuses personnes ont changé. De la généralisation du télétravail naît une appréhension différente de l'organisation du temps et du lieu de vie. Ces orientations nouvelles ont des conséquences sur le marché immobilier et poussent territoires et recruteurs à s'adapter.
Déjà bousculé par un prix du foncier en hausse continue, un allongement du temps de trajet entre le domicile et le travail et la multiplication de nuisances telles que la pollution, la densité ou encore le bruit, le mode de vie urbain résiste désormais difficilement à la crise sanitaire. Une aubaine pour les villes petites et moyennes qui, depuis plusieurs années, ont commencé à jouer la carte du cadre de vie pour attirer actifs et entreprises.
« Depuis environ dix ans, les territoires ne cherchent plus seulement à faire venir des investisseurs ou des touristes, explique Antoine Angeard, directeur général du Cner, une fédération des agences de développement. Ils ont adopté une stratégie à 360 degrés ciblant également la population de façon générale et parfois certaines professions, selon leurs besoins. »
L'offensive des territoires
Promotion du territoire, aide à l'installation des familles et à l'emploi du conjoint, accompagnement des entreprises… Le marketing territorial n'est désormais plus réservé aux grandes villes. Positionnées sur ces questions depuis les années 1990, les métropoles régionales n'ont cependant pas dit leur dernier mot.
D'après le baromètre 2020 d'Arthur Loyd sur l'attractivité des métropoles françaises et le dynamisme des territoires, elles se sont même montrées plus résilientes que les villes plus petites face à la crise. « Avant la pandémie, elles avaient déjà amorcé un important virage », reprend Antoine Angeard. Toutes se lancent sur de nouvelles lignes de front - environnement, santé, enseignement supérieur, etc. - pour renforcer leur attractivité.
Ces nouveaux projets de vie ont également des effets très concrets sur l'immobilier local. En 2020, les prix se sont envolés dans des villes comme Mulhouse (+16,5 % sur un an à 1.939 euros le mètre carré), Limoges (+16,4 % à 1.844 euros le mètre carré) ou encore Orléans (+16,1 % pour 2.667 euros le mètre carré), d'après le baromètre LPI-SeLoger.
Répercussions sur le marché de l'immobilier
Inversement, à Paris, ils ont eu tendance à baisser : -1,7 % entre novembre 2020 et février 2021 pour un mètre carré à 10.680 euros. « A la fin du premier confinement, les stocks ont fondu, raconte Thibault de Saint Vincent, président de Barnes. Des biens situés sur la façade Atlantique, notamment sur la côte basque et le bassin d'Arcachon, sont partis en une semaine. »
Plusieurs zones se sont retrouvées sous tension, avec une demande supérieure à l'offre. « Aujourd'hui, notre principal problème c'est le manque de biens à la vente, confie Eric Allouche, directeur exécutif d'ERA Immobilier. Les vendeurs se montrent davantage frileux tandis qu'en face, les acquéreurs hésitent moins longtemps et achètent plus au prix. » Les biens les plus prisés, sans surprise, sont ceux disposant d'un espace extérieur et de mètres carrés supplémentaires. « Ce qui fait la différence, c'est le rapport qualité-prix et la desserte, ajoute Eric Allouche. Les prix attractifs des communes plus éloignées séduisent, mais la présence d'une gare permettant de relier en moins de deux heures une métropole compte. »
Qu'ils soient temporaires ou permanents, ces déménagements ont aussi un impact sur le monde du travail avec, d'un côté, une part croissante de personnes en télétravail un ou plusieurs jours par semaine et, de l'autre, des changements de poste ou d'activité. « Reste à savoir si le télétravail perdurera après la crise, tempère Matthieu Adam, chargé de recherche au CNRS et codirecteur de l'ouvrage 'Le capital dans la cité'. Il y a encore une forme d'hostilité de la part de certains employeurs et le gouvernement n'a pas pris de mesures fortes pour l'imposer. » Il n'empêche que côté salariés, la pratique semble adoptée. Chez les cadres, « environ 50 % voudraient poursuivre en télétravail au moins la moitié de la semaine, une fois la crise terminée », rappelle Gaël Bouron, responsable adjoint du pôle études de l'Apec. « Beaucoup de recruteurs en ont pris conscience et mettent en avant leur souplesse pour attirer de nouveaux talents, analyse Patricia Patrelle, directrice de la région Nord chez Manpower. Sur des postes très qualifiés, en particulier, ils savent que plusieurs arguments pèsent dans la balance, dont le télétravail. »
La donne devrait également changer du côté des secteurs qui recrutent avec une hausse des métiers autour de la transition numérique et énergétique ou encore la logistique, et un ralentissement dans d'autres. « On le constate déjà depuis le début de la crise avec par exemple un secteur aéronautique très impacté en Occitanie », note Nicolas Martin, directeur de la région Sud chez Manpower. La région affiche d'ailleurs le plus fort recul de l'emploi cadre début 2021, malgré la reprise ailleurs : -1 % par rapport à 2020
​
​
​
​
Logement : ce qu'une année de crise et de télétravail a changé
Françoise Paoletti-Benaziez
Les craintes des professionnels en début de crise se sont révélées fausses : ni les ventes immobilières ni les prix ne se sont effondrés. En revanche, les envies d'ailleurs de certains urbains sont, elles, en train de devenir réalité, boostant certains marchés.
Les professionnels de la transaction immobilière respirent… Si la crise sanitaire a impacté le secteur du logement, celui-ci s'est montré plus résilient que prévu. Les notaires de France comptabilisent 1.024.000 transactions au 31 décembre 2020, limitant ainsi la baisse des volumes à 4 % sur un an. Ce rythme se confirme sur une année glissante, avec un montant cumulé de 1.046.000 transactions à fin février 2021, soit -2,3 % sur un an. Côté prix, les notaires ont noté une hausse annuelle de 6,4 % en Ile-de-France, avec une stagnation à Paris dès le 3e trimestre 2020. Ce sont donc les villes des 1re et 2e couronnes qui ont profité ensuite de la hausse.
« 2021 devait être une excellente année, prédit Eric Allouche, directeur exécutif du réseau ERA Immobilier. Nous avons noté 400 % de recherches supplémentaires sur Internet depuis début janvier ! Si la 1re couronne parisienne est très demandée, c'est souvent en 2e couronne, plus accessible en termes de prix, pour des logements spacieux, que se concrétisent souvent les envies… lorsque les transports sont efficaces, car les acquéreurs raisonnent plus en termes de temps que de distance. Les petites villes bien desservies à une centaine de kilomètres de la capitale ont aussi la cote. Notre agence d'Orléans, par exemple, est de plus en plus sollicitée par une clientèle francilienne. »
Des logements modulables dans le neuf
La dernière étude de MeilleursAgents note que près d'un actif sur trois a déménagé au cours des huit derniers mois ou envisage de le faire afin de gagner en qualité de vie. Cette tendance s'accentue dans les grandes villes, et particulièrement dans la capitale où un Parisien sur deux est concerné ! Côté construction, l'année de crise et de télétravail a accéléré des politiques en cours depuis déjà quelque temps chez les promoteurs. Afin d'améliorer la vie des urbains, l'implication dans la limitation de la pollution extérieure est plus grande encore, avec une utilisation accrue de matériaux biosourcés. Les changements les plus spectaculaires concernent surtout la conception intérieure des résidences. Deux grands mouvements sont en cours : la modularité des logements et la création d'espaces partagés. « Pour permettre aux propriétaires de modifier à leur gré les espaces, l'intérieur des logements bénéficie d'une possibilité de modularité », explique Alexandra François Cuxac, présidente de la Fédération des promoteurs immobiliers de France.
« Changer son espace de vie à la carte devient facile car, dès leur conception, les logements intègrent la possibilité de modifications. Par exemple, des hauteurs sous plafond sont augmentées afin de pouvoir, le cas échéant, faire une mezzanine qui pourrait servir de bureau… Enfin, les projets mixtes se multiplient : des résidences créent des espaces partagés comme une salle commune de travail ou des jardins potagers », poursuit Alexandra François Cuxac. Ce qui était auparavant l'apanage des résidences avec services gagne donc l'habitat classique.
Des milliers de logements anciens réaménagés
Le grand changement dans le secteur du logement depuis un an concerne plus les désirs de rénovation des appartements et maisons. Selon la Fédération des magasins de bricolage, les magasins ont vu leurs chiffres d'affaires grimper de près de 20 % en juillet 2020 par rapport à la même période en 2019. Et le mouvement s'est poursuivi depuis. De leur côté, les adhérents de l'association Architectes & Particuliers indiquent également une croissance de leur chiffre d'affaires de 30 % à 50 % en un an. « Plusieurs paramètres ont joué en faveur des travaux, constate Stéphanie Bertina Minel, présidente de l'association. Les confinements et le télétravail ont montré aux foyers les limites de leur habitat, et les moindres dépenses en voyages et loisirs ont permis à des travaux envisagés de se concrétiser. »
« Si nos accompagnements en suivi des travaux ont augmenté, il y a surtout eu une véritable croissance des demandes de visites conseils. D'une durée de deux heures environ, elles servent souvent à débloquer des situations via des conseils techniques, administratifs, de budget et de planning… Certaines familles pensant être obligées de déménager se rendent compte, finalement, que modifier les espaces ou faire une extension est possible et coûtera beaucoup moins cher que d'acheter un nouveau logement. »
Autres grands gagnants de cette tendance, en plus des artisans eux-mêmes : les réseaux de courtiers en travaux qui ont vu leur activité bondir. « Passer plus de temps chez soi a d'abord donné des envies d'amélioration du confort intérieur, via de petits travaux, témoigne Cyril Congnet, franchisé de la Maison des travaux, à Choisy-le-Roi. Par exemple, la repeinture des murs ou l'optimisation de tous les espaces comme un dessous d'escalier qui accueille des rangements. Le télétravail a aussi engendré des besoins d'espaces délimités ou de création de nouvelles pièces. Cela va du simple agencement d'un bureau dans une pièce commune à une extension de la maison, en passant par l'aménagement des combles. Pour des travaux importants, les prix peuvent atteindre 2.000 à 3.000 euros le mètre carré. »
​
​
Châlon-sur-Saône, Macon : une position stratégique entre Paris et Lyon
Jennifer Matas
Le département de la Saône-et-Loire offre un cadre de vie attractif combinant un prix de l'immobilier accessible et le calme des villes moyennes. Des atouts que Mâcon et Chalon-sur-Saône n'hésitent pas à mettre en avant, avec succès.
Le département de la Saône-et-Loire peut se targuer d'offrir un cadre de vie attractif avec un prix de l'immobilier accessible - 1.265 euros le mètre carré, d'après SeLoger -, le calme des villes moyennes, des services et une bonne connexion aux deux grandes métropoles que sont Paris et Lyon.
Des atouts que le chef-lieu, Mâcon, et Chalon-sur-Saône, la ville la plus peuplée avec un peu plus de 45.000 habitants, n'hésitent pas à mettre en avant. Et les résultats sont là : alors que la Bourgogne-Franche-Comté présente une croissante démographique quasi nulle, Mâcon et Chalon-sur-Saône font partie des rares aires urbaines à afficher un solde migratoire positif, avec Dijon et Besançon.
Au carrefour de capitales régionales
Point phare de l'attractivité de Mâconnais Beaujolais Agglomération comme du Grand Chalon : leur localisation géographique sur l'axe Paris-Lyon et les infrastructures de transports dont ils bénéficient. Chalon-sur-Saône et Mâcon sont en effet desservies par une gare TGV et l'autoroute A6 reliant la capitale française à celle des Gaules. Plusieurs fois par jour, un train TER permet de se rendre à Lyon en moins de 50 minutes pour Mâcon et 1 h 20 pour Chalon-sur-Saône.
« Une personne qui travaille à Lyon peut tout à fait envisager de s'installer dans l'une de ces villes pour échapper à la densité et aux prix immobiliers lyonnais », commente Benoît Meyronin, professeur à Grenoble Ecole de Management. Idem pour un actif francilien pouvant télétravailler plusieurs jours par semaine. « D'autant que Mâcon comme Chalon-sur-Saône ont tout de même des qualités du point de vue de l'enseignement, des commerces… Nous ne sommes pas au milieu de nulle part », poursuit le spécialiste en marketing territorial.
Ambitions renforcées
Ces villes du couloir rhodanien ont commencé à renforcer leurs stratégies d'attractivité avant la pandémie. Pour le président de Mâconnais Beaujolais Agglomération, Jean-Patrick Courtois, il était question début 2019 de « créer un pôle d'attractivité aux portes de la métropole lyonnaise ».
Deux projets de taille sont sur les rails : l'adhésion de la communauté d'agglomérations au Pôle métropolitain lyonnais et le lancement des travaux pour Saône Digitale, un projet estimé à plusieurs millions d'euros pour transformer la plus vaste zone de friches industrielles du territoire en une zone d'activité économique.
Au programme du Grand Chalon, la construction de l'Usinerie, un bâtiment de 4.000 mètres carrés pour accompagner les industries locales dans leur transition numérique et former des étudiants à ces nouveaux métiers. « Cette cité du numérique apportera une valeur ajoutée supplémentaire à notre territoire d'industrie », a déclaré le président de la communauté d'agglomération, Sébastien Martin, à l'occasion du 9e séminaire de l'Observatoire des Territoires d'industrie, en juin 2020. Ouverture prévue début 2022.
​