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2023 ATELIER 3

Qu'est ce qui fera Valeurs demain ?
Face aux transformations des systèmes de valeurs, comment les entreprises et organisations peuvent-elles agir, s’adapter, se structurer ?
Décryptage ...
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Depuis 2013, cofondatrice de Prophil entreprise à mission, de recherche et de conseil en stratégie pour accélérer la contribution des entreprises au bien commun (www.prophil.eu).

Anciennement directrice du développement durable d'Eiffage et de Veolia, experte des sujets de prospective stratégique, de responsabilité sociale et d'écologie territoriale.
Spécialiste de la notation et l'évaluation extra financière, créatrice d'ARESE, première agence de notation extra financière française en 1997.
Enseignante à Centrale Supélec sur les sujets d'économie circulaire et d'écologie industrielle. Auteure de "le crépuscule fossile" (Stock 2015), "Bienvenue en transhumanie"(avec Jean-Didier Vincent. Grasset, 2011) et "2030, le krach écologique" (Grasset, 2008). Ancienne Vice-Présidente de la FNH, Vice-présidente TSP, The Shift Project, think tank sur la transition énergétique.

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 2 intervenants ont accepté notre invitation pour venir apporter leurs contributions sur 2 thèmes importants...

Geneviève Férone

Geneviève FÉRONE - Conférence et contact

https://simoneetnelson.com › Conférenciers
 

Experte en développement durable et spécialiste de la responsabilité sociale des entreprises, Geneviève Férone est cofondatrice & associée de Prophil, ...
(https://podcast.ausha.co/remarquables/20-genevieve-ferone-creuzet-oser-la-post-croissance)

Les relations entre sciences et entreprises à l’heure des bifurcations 

Selon l’UNESCO, la science représente la principale entreprise collective. Les preuves scientifiques des désordres de la planète s’accumulent. Cependant, la science à elle seule peine à opérer les transformations qui s’imposent, et d’orienter les prises de décision et l’action. Dans un monde marqué par la « post-vérité », la politisation des relations entre science-société et action, ou encore des jeux de pouvoir jouant sur les émotions pour faire évoluer les jugements de valeur, de nombreux autres ressorts sont à l’oeuvre. 
Demain la science à travers la physique quantique va révolutionner la ou les valeurs de nombreux secteurs et notamment ceux de la Santé, des transports, de l'industrie, des télécommunications et bien d'autres..
Dans ce nouveau paradigme de la valeur ; quelle place la science peut-elle prendre dans nos entreprises. Le bon vieux comité scientifique du siècle dernier est -il amené à se réinventer pour se positionner au niveau d'une direction informatique?
Comment pourraient se positionner les entreprises dans ce contexte mouvant ? Quels rôles joueront les différentes sciences et savoirs dans les entreprises de demain ? Dans un monde en ruptures, lesquelles seront les plus investies, utilisées, valorisées par les entreprises ? Quelle place pour les sciences humaines et sociales en entreprise ? Liaisons dangereuses ou opportunités ? 

Olivier Ezratty

author, Understanding Quantum Technologies

cofounder, Quantum Energy Initiative

Olivier est  consultant et analyste indépendant en technologie. Depuis 2018, il se  concentre sur les technologies quantiques. Il a  publié un ebook connexe couvrant le sujet à 360°, il est également coproducteur de deux séries de podcasts avec Fanny Bouton sur les technologies quantiques.

Auparavant, il  publiait un rapport détaillé sur le CES de Las Vegas tous les mois de janvier (2006 et 2020),

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Et si la science avec un grand S était le prochain levier de nos transformations de systèmes de valeurs.

Derrière chaque ordinateur quantique se cache une révolution technologique. Le monde infiniment subtil des atomes et des photons est, en effet, en train d'ouvrir simultanément de nouveaux systèmes de valeurs .
L' IA et le quantique de demain donneront une place prépondérante à la compétitivité des entreprises . Le "chief scientist officer"  occupera une place essentiel au sein de l' entreprise du futur.


Pour aller plus loin, article des Echos - Une révolution quantique peut en cacher une autre…

https://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/une-revolution-quantique-peut-en-cacher-une-autre-1950872

Si vous n'avez pas tout compris du quantique et de la puissance qu'exerceront les ordinateurs quantiques de demain
(rassurez vous, vous n'etes pas le ou la seule !!!), les deux vidéos ci-dessous sont faites pour vous et elles viennent compléter la présentation de Olivier Ezratty lors de notre atelier de juin

« La physique quantique est parsemée de paradoxes et de phénomènes qui défient les lois de la rationalité scientifique. Elle nous révèle un monde dans lequel rien n'est stable et où une réalité objective ne peut pas exister », Giuliano Da Empoli, Les ingénieurs du chaos.
 

Les relations entre sciences et entreprises à l’heure des bifurcations 

Selon l’UNESCO, la science représente la principale entreprise collective. Les preuves scientifiques des désordres de la planète s’accumulent. Cependant, la science à elle seule peine à opérer les transformations qui s’imposent, et d’orienter les prises de décision et l’action. Dans un monde marqué par la « post-vérité », la politisation des relations entre science-société et action, ou encore des jeux de pouvoir jouant sur les émotions pour faire évoluer les jugements de valeur, de nombreux autres ressorts sont à l’oeuvre. 

Demain la science à travers la physique quantique va révolutionner la ou les valeurs de nombreux secteurs et notamment ceux de la Santé, des transports, de l'industrie, des télécommunications et bien d'autres..
Dans ce nouveau paradigme de la valeur ; quelle place la science peut-elle prendre dans nos entreprises. Le bon vieux comité scientifique du siècle dernier est -il amené à se réinventer pour se positionner au niveau d'une direction informatique?

Comment pourraient se positionner les entreprises dans ce contexte mouvant ? Quels rôles joueront les différentes sciences et savoirs dans les entreprises de demain ? Dans un monde en ruptures, lesquelles seront les plus investies, utilisées, valorisées par les entreprises ? Quelle place pour les sciences humaines et sociales en entreprise ? Liaisons dangereuses ou opportunités ? 

 

Pour aller plus loin encore ...
 

La physique quantique a déjà changé la face du monde

Publié dans Polytechnique insights le 20 septembre 2023 Pierre Henriquet docteur en physique nucléaire et chroniqueur chez Polytechnique Insights
En bref

  • La physique quantique permet d’expliquer le comportement et les interactions entre particules, ainsi que les champs de forces qui les animent.

  • La quantification des échanges d’énergie entre les électrons de la matière a apporté plusieurs innovations fondamentales sans lesquelles notre technologie moderne n’existerait pas.

  • Nous utilisons la physique quantique au quotidien, par exemple avec les lasers, la fibre optique ou les LED.

  • Le formalisme quantique peut aussi nous permettre d’expliquer des phénomènes naturels comme la couleur du ciel ou même la photosynthèse.

  • Une deuxième révolution quantique est en cours depuis la fin du XXe siècle, pour faire évoluer nos technologies à un niveau encore jamais atteint.
     

La physique quantique permet d’expliquer le comportement et les interactions entre particules, ainsi que les champs de forces qui les animent. Née il y a plus d’un siècle, c’est probablement aussi la théorie la moins intuitive de toutes celles à disposition des scientifiques pour décrire et comprendre le monde.
Dans l’univers de l’infiniment petit, les concepts les plus évidents de notre expérience du quotidien sont battus en brèche. Une particule possède, par exemple, des propriétés à la fois corpusculaires et ondulatoires. Son emplacement n’est pas déterminé par une position précise, mais par un « nuage de probabilités » qui la fait exister un peu partout à la fois, avec des chances plus ou moins grandes de la trouver si on cherche finalement à l’observer. De plus, le concept même de mesure prend un sens totalement différent.

Dans le monde quantique, on ne peut pas mesurer une propriété d’une particule avec une précision infinie. Pire encore, selon le principe des vases communicants, plus on aura de précisions sur certaines propriétés (sa position, par exemple), moins on en aura sur d’autres (son énergie, par exemple). Et ces limitations ne viennent pas de nos instruments de mesure : au contraire, elles sont fondamentalement inscrites dans les règles qui régissent le monde de l’infiniment petit.
La mécanique quantique décrit aussi les échanges d’énergie que les particules ont entre elles. Copié ! Enfin, et c’est ce qui lui donne son nom, la mécanique quantique décrit aussi les échanges d’énergie que les particules ont entre elles. Et contrairement à notre monde macroscopique classique, où l’énergie d’une balle de tennis ou d’une voiture peut prendre n’importe quelle valeur, un électron dans un atome ne peut émettre ou absorber que des quantités d’énergie précisément déterminées.
Chaque « paquet » d’énergie que l’électron absorbe ou émet est appelé « quantum » d’énergie (d’où le nom de physique « quantique »). Ces échanges se font par bonds successifs, et non de manière continue comme nous en avons l’habitude à notre échelle.

Toutes ces étranges règles aboutissent à des situations qui peuvent sembler paradoxales, comme le fait qu’un objet quantique peut exister dans plusieurs états simultanément, ou que deux particules dites « intriquées » sont si fondamentalement liées que si l’on effectue un changement sur l’une, l’autre en subira instantanément les conséquences, indépendamment de la distance qui les sépare. La physique quantique au quotidien

Ces situations bizarres sont observées quotidiennement dans tous les laboratoires de recherche du monde. Et, bien au-delà des portes des instituts de recherche, ces phénomènes sont utilisés pour faire fonctionner quantité d’appareils que l’on utilise chaque jour. L’une des découvertes les plus étonnantes de la physique quantique est la fameuse « dualité onde-particule ». Au XIXe siècle, quantité d’expériences avaient montré le caractère ondulatoire de la lumière, mais c’est en 1905 qu’Albert Einstein démontre un effet appelé « photoélectrique » qui prouve que la lumière peut frapper des électrons et les éjecter comme des boules de pétanque. Il faudra attendre 20 ans pour que le physicien français Louis de Broglie comprenne que, loin d’être un problème, la lumière (et toute particule matérielle) se comporte à la fois comme une onde et comme une particule.

Cette découverte est à l’origine de plusieurs applications quotidiennes comme les panneaux photovoltaïques ou les capteurs CCD de nos appareils photo. De même, la quantification des échanges d’énergie entre les électrons de la matière a apporté plusieurs innovations fondamentales sans lesquelles notre technologie moderne n’existerait pas. Commençons par le laser que l’on utilise dans les lecteurs CD, en industrie pour la découpe de matériaux, en astronomie pour mesurer la distance Terre-Lune, en médecine pour découper ou cautériser les tissus, dans les supermarchés pour lire les codes-barres, dans les imprimantes laser ou dans les fibres optiques pour communiquer d’un continent à l’autre. Cette lumière très spéciale, composée de photons (c’est le nom qu’on a donné aux particules de lumière) tous identiques, est produite en forçant les atomes à émettre tous ensemble les mêmes quanta d’énergie.
On obtient alors cette lumière particulière dont il serait difficile de se passer aujourd’hui. Une autre application de la théorie des quanta n’est ni plus ni moins que… toute l’électronique moderne ! Cette technologie présente dans nos téléphones portables, nos montres, nos véhicules, nos ordinateurs, nos dispositifs médicaux (pacemaker, pèse-personne, tensiomètre, défibrillateur cardiaque) et une infinité d’autres applications courantes, fonctionne grâce à la compréhension du comportement des électrons dans une catégorie de matériaux appelés « semi-conducteurs » – c’est-à-dire naturellement isolants, mais qui peuvent facilement devenir conducteurs si une petite tension électrique leur est appliquée. Cette propriété, qui permet de contrôler à volonté le passage (ou non) d’un courant électrique, sert à construire les diodes et les transistors qui sont les éléments de base de toute l’électronique.
Et lorsque vous mélangez émission contrôlée de lumière et semi-conducteurs, vous construisez des LED (diodes électroluminescentes), actuellement en train de remplacer une grosse partie des anciennes ampoules électriques, beaucoup plus énergivores. Physique quantique et phénomènes naturels La mécanique quantique est partout autour de nous : dans les applications technologiques que nous avons développées, mais aussi dans tous les phénomènes naturels qui nous entourent et qu’on ne peut comprendre sans utiliser le formalisme quantique.
Si le Soleil brille, c’est à cause des processus de fusion nucléaire en son cœur, eux-mêmes permis grâce à une autre bizarrerie quantique : l’effet tunnel, qui permet à des particules de « sauter » des barrières de potentiel autrement infranchissables dans le monde classique. Quant au bleu du ciel, il est dû à la manière dont la lumière du Soleil interagit avec les molécules de l’atmosphère terrestre. Même la photosynthèse (ce processus par lequel les plantes transforment l’énergie reçue du Soleil en matière organique, elle-même absorbée par les herbivores, consommés à leur tour par les carnivores) est soupçonnée, dans les recherches les plus récentes, de devoir son existence à des phénomènes quantiques dont la biologie doit encore lever le mystère. La physique quantique a révolutionné la manière dont les humains comprennent et façonnent le monde. Mais depuis la fin du XXe siècle, une « deuxième révolution quantique » est en cours, dans laquelle les processus les plus fondamentaux de la mécanique quantique sont exploités pour faire évoluer nos technologies à un niveau encore jamais atteint.

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Le quantique pourrait révolutionner la sécurité sur Internet
Leïla Marchand
Les étranges propriétés de la physique quantique ne s'appliquent pas qu'aux ordinateurs. Dans la communication, des réseaux quantiques sont déjà en cours de test. Plusieurs grands industriels français se penchent sur le sujet, sous la bannière FranceQCI.
 

L'ordinateur quantique restera-t-il un fantasme inaccessible ? Ce genre de machine, exploitant les propriétés étranges de la matière à l'échelle de l'infiniment petit, serait en théorie capable de résoudre en quelques minutes des calculs insolubles aujourd'hui. En pratique, la route est encore longue, même si le cabinet McKinsey conseille aux entreprises de s'y préparer très vite. Les laboratoires et start-up les plus en pointe du domaine peinent encore à développer une machine fiable, dont les résultats soient exempts d'erreurs. Mais dans un autre domaine, moins connu, le quantique pourrait déjà changer la donne : les télécommunications.

D'après une récente étude du Boston Consulting Group, le marché de la cryptographie post-quantique et des communications quantiques est encore naissant, mais représente un fort potentiel : il devrait représenter jusqu'à 10 milliards de dollars d'ici à 2030 et, ainsi, être équivalent à celui de l'informatique quantique (6 à 12 milliards de dollars). De quoi parle-t-on ? D'un réseau de communication ultra-sécurisé grâce à des clés de chiffrement quantique. Un système bien différent des réseaux actuels, « où on transmet les clés de chiffrement avec un certain nombre d'algorithmes standards, dont le plus connu est le RSA », rappelle Marko Erman, directeur scientifique de Thales.
 

Une « sécurité intrinsèque »

En bref, le système actuel est sécurisé car il est impossible pour un ordinateur de résoudre un calcul aussi complexe. Tandis que dans la communication quantique, « la sécurité est assurée par les voies de la physique, il s'agit d'une sécurité intrinsèque », explique Julien Laurat, professeur de physique à Sorbonne Université et cofondateur de la start-up WeLinQ. Si quelqu'un intercepte une communication quantique, il la détruit automatiquement. « On ne peut lire les propriétés quantiques des particules qu'une seule fois », souligne Marko Erman.

Car à l'échelle de l'infiniment petit, des atomes ou des photons, des phénomènes totalement contre-intuitifs se produisent. Un objet peut être dans plusieurs états, A ou B, tant qu'on ne l'a pas mesuré (c'est le principe de superposition quantique). « Donc je peux encoder une suite de photons avec des propriétés quantiques qui vont être l'équivalent d'une clé classique, transmise sous forme binaire, résume le responsable chez Thales. C'est cela que l'on appelle la QKD, la 'quantum key distribution', ou distribution de clés quantiques. »

Transmettre une information entre deux points sur ce principe est une technique déjà éprouvée. Il est même possible d'acquérir une telle solution auprès de la compagnie suisse ID Quantique, spécialisée sur ce créneau. Mais l'enjeu est de mettre en place des réseaux de grande envergure. « Les clés sont portées par des photons qui se propagent dans de la fibre optique, comme notre réseau Internet classique. Mais après 50 à 150 kilomètres au maximum, ces photons sont absorbés », note l'expert. Il n'y a donc de quoi faire qu'un « réseau à l'échelle d'une métropole, mais pas d'un pays ou du monde ».

C'est pour résoudre cette problématique que plusieurs acteurs de l'industrie française (Airbus, Thales, Thales Alenia Space, Orange), des start-up et des acteurs universitaires et institutionnels, ont lancé récemment une alliance pour construire le « futur système de communication de l'Internet quantique » français.

Baptisé « FranceQCI », ce projet, qui s'étendra sur trente mois, s'inscrit dans le cadre de l'initiative EuroQCI lancée en 2019 par Bruxelles, visant à développer une infrastructure de communication quantique terrestre sécurisée qui couvrira l'ensemble de l'Union européenne. « On ne parle plus d'expérience de laboratoire. Ce sont les premières plateformes de tests déployées à échelle réelle, avec des réseaux en région parisienne et à Nice. Un lien satellite entre ces différents lieux locaux fibrés sera aussi étudié », précise Julien Laurat.
 

Des cas d'usage multiples

Vingt-six projets de ce genre sont ainsi testés en même temps dans l'Union européenne, quasiment un pour chaque Etat membre. « Le but est de développer des infrastructures nationales qui seront ensuite connectées au niveau européen », ajoute-t-il. Sécuriser les infrastructures critiques, les hôpitaux, les voitures autonomes, les tours de contrôle… Les cas d'usage sont multiples.

A l'horizon, c'est un véritable Internet quantique qui se dessine. « L'étape suivante, c'est de pouvoir distribuer de l'intrication », dit Julien Laurat. Le principe de l'intrication quantique - le domaine pour lequel le physicien Alain Aspect a été décoré du prix Nobel en 2022 - est que deux objets peuvent s'influencer même en étant séparés d'une grande distance. « Avec cela, on va pouvoir notamment connecter les ordinateurs entre eux », poursuit Julien Laurat.

Cette promesse reste floue, comme celle de l'ordinateur quantique. Mais ironiquement, ce sont les progrès potentiels du calcul quantique qui rendent nécessaire cette évolution. Car, demain, ce sont bien ces machines qui pourront casser notre cryptographie actuelle, basée sur le chiffrement RSA. Une double révolution est en marche.

 

Vivre avec une croissance au ralenti 

Il est vain d'espérer un retour de la croissance à la normale. La nouvelle normalité, c'est ici et maintenant : un rythme sensiblement inférieur à ce que nous avons connu par le passé. Il est temps de l'accepter - et d'agir en conséquence.

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Les histoires d'amour finissent mal en général, chantaient les Rita Mitsouko. Désormais, ce sont les années qui commencent mal en général. Début 2020, un virus venu de Chine se répandait sur toute la planète. En avril, le FMI prévoyait du coup une récession mondiale. Un an plus tard, tout semblait aller mieux, merci l'argent public et l'arrivée des vaccins, mais c'était seulement l'exception qui confirmait la règle.

Début 2022, la Russie envahissait l'Ukraine. Six semaines plus tard, le FMI annonçait un sérieux coup de frein sur la croissance mondiale. Et début 2023, une crise bancaire apparue des deux côtés de l'Atlantique entraîne un durcissement des conditions financières. Le FMI redoute désormais « un ralentissement très étendu et plus marqué que prévu ».
 

Croissance inférieure à 2 %

Il est bien sûr possible d'invoquer le hasard ou les enchaînements malheureux en espérant un prochain retour à la normale. Mais il vaut mieux ouvrir les yeux sur la réalité : nous vivons dans la nouvelle normalité. Et cette normalité, c'est une croissance au ralenti. Les projections du FMI en donnent une idée.

La croissance mondiale en 2023 sera limitée à 2,8 % (alors que certains économistes estiment que le monde est en récession quand sa croissance passe au-dessous de 3 %). Si le robinet du crédit se refermait un peu plus, cette croissance pourrait n'être plus que de 2,5 %. Mais un peu plus loin, les économistes du FMI estiment qu'il y a désormais une chance sur quatre que la croissance soit inférieure à 2 %. Ce qui n'est arrivé qu'à cinq reprises depuis un demi-siècle, et à chaque fois à l'occasion d'une crise majeure (choc pétrolier, crise financière, épidémie…). Or cette fois-ci, il n'y a pas de crise majeure.
 

Un formidable défi

Et il n'y aurait pas de rattrapage les années suivantes. Le FMI prévoit une croissance moyenne de 3 % par an dans les cinq années à venir, chiffre le plus bas depuis que ses experts font cet exercice de moyen terme.

Les causes de ce ralentissement sont multiples. Le FMI invoque la fin du rattrapage rapide de la Chine, la progression moins rapide de la population active, des politiques de l'offre moins soutenues et aussi - et peut-être surtout - ce qu'ils appellent désormais la « fragmentation géoéconomique ». Contrairement à ce que soutiennent les zélotes du protectionnisme, la fermeture des frontières n'accélère pas l'activité.

Le monde à croissance ralentie constitue un formidable défi. Les ressources progresseront moins vite pour préserver la paix sociale, financer la transition énergétique, assumer les dettes. Il va falloir faire des choix cruciaux, qui seront au coeur des débats politiques des prochaines années.

Jean-Marc Vittori

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