Pascal Perri
Il faudra bien un jour établir une liste des responsabilités dans le réchauffement climatique. D'abord, une question de vocabulaire. L'expression « dérèglement », couramment utilisée, devrait être bannie. Elle postule l'idée qu'il y aurait eu, un jour, un règlement du climat. Or, ce n'est pas le cas. Le réchauffement est désormais, de façon incontestable, le produit de nos activités humaines.
Le stock de CO2 dans notre atmosphère est notamment le résultat de nos actions collectives : industrie, agriculture, chauffage, mobilités. Toutes ces activités humaines ont été et sont toujours réalisées très majoritairement à partir de sources d'énergie sales, à l'exception notable de la France, un des pays développé les moins carbonés du monde. Un Français émet 4,4 tonnes de CO2 par an en moyenne contre presque 8 pour un Allemand et encore le bilan de celui-ci a été calculé avant le retour massif du charbon dans le mix énergétique allemand.
Tout au long de cet été, les écologistes n'ont cessé de regretter la priorité donnée au nucléaire et le « retard » français sur les renouvelables… Retard par rapport à quoi et à qui ? Par rapport à nos voisins allemands ou belges qui vont devoir réviser leur choix à marche forcée vers les renouvelables intermittents ? Jeudi 11 août en début d'après-midi, sur France Info, Julien Bayou, chef de file d'EELV, appelait la France à massivement investir dans les renouvelables, éolien et solaire. Au même moment, dans le département de l'Aveyron, entre le plateau et la ville de Rodez, 80 % des champs d'éoliennes étaient à l'arrêt ! Très peu d'efficacité et un grand vent d'argent public… Sur un plan strictement comptable, les deux tiers du chiffre d'affaires de l'éolien proviennent de subventions ! (2,3 milliards d'euros sur 3,5 milliards en 2020).
Le solaire ? Parlons-en ! Cet été de canicule et de grand soleil, le solaire a produit moins de 40 % de la capacité optimale installée. Devons-nous engager l'argent des Français sur des moyens de production aléatoires qui dépendent plus des anticyclones et de l'ensoleillement que de la volonté humaine ?
Pour réussir la transition, nous devrons mobiliser une grande quantité d'énergie : électrifier les usages du quotidien, la production industrielle et assurer la recharge en temps réel d'au moins 15 millions de voitures électriques. Ce n'est pas le moment de se tromper de modèle de production, d'autant que l'énergie est une activité à haute intensité capitalistique. Le stock d'investissement est considérable et les options de production sont formulées pour le temps long. On voit aujourd'hui ce qu'il en coûte des mauvais choix : les Allemands payent cher et nous font payer cher le choix du gaz russe. Ils ne veulent surtout pas rappeler que leur stratégie renouvelable (non pilotable) était adossée à un « back up » fortement carboné !
Les Allemands, sous l'influence des Verts, nous ont collectivement livrés à Poutine et engagés dans une impasse énergétique. On voit aussi ce qu'il en coûte d'admettre ses erreurs pour faire marche arrière. Quelques-uns évoquent désormais la prolongation des trois dernières centrales nucléaires allemandes. Pourquoi ? Parce que les éoliennes ne produisent pas assez d'électricité et que les installations solaires sont insuffisantes elles aussi.
Devrons-nous, pour satisfaire des biais idéologiques, reproduire les erreurs de nos voisins ? Il est temps au contraire de faire le compte des responsabilités, non pour distribuer des blâmes, mais pour éviter de reproduire les mêmes folies.
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