Nicole BuyseCorrespondante à Lille
L'enseigne de la galaxie Mulliez, conceptrice de nombre de ses produits, sort une dizaine d'innovations exclusives par an.
A quelques jours de la fin de l'année scolaire, et tandis que les Français, trop heureux d'être déconfinés, vont privilégier des congés dans l'Hexagone, quatre des six dernières innovations de Decathlon concernent des équipements de vacances. L'enseigne de la galaxie Mulliez espère bien ainsi rééditer les succès de son masque de plongée ou de sa tente dépliable quasi instantanément.
C'est d'ailleurs sur ces deux produits stars que le concepteur et distributeur d'articles de sport a travaillé à nouveau. Il sort une version améliorée du masque Easybreath - pour le snorkeling avec tuba intégré - qui permet d'être entendu quand on parle la tête hors de l'eau, grâce à une valve acoustique au niveau de la bouche. Quant à la tente 2 seconds Easy, qui avait déjà connu une évolution en 2020, avec notamment un tissu garantissant un haut niveau d'obscurité, celle qui vient de sortir est encore un peu plus légère (4,5 kg contre 4,7), un peu moins chère (75 euros contre 99) et réparable. Une version trois places doit sortir en 2022.
Mais le géant français du sport lance aussi de « vraies » nouveautés. Pour les adeptes des sports d'eau, Decathlon a ainsi développé une planche à voile gonflable, grâce à la technologie - déjà connue - du « drop stitch ». Utilisée depuis quelque temps par l'enseigne pour les canoës et kayaks, elle vient également d'être déclinée pour la planche de surf. Une fois dégonflée, celle-ci tient dans un petit sac à dos. A pied, en vélo ou en voiture, plus besoin de grand sac, de sangle ou de galerie sur le toit, ni de trimballer cet objet lourd et encombrant.
Chaque année, Decathlon sort une centaine de produits améliorés de petites astuces, une dizaine d'innovations exclusives et dépose une vingtaine de brevets. Tous sont guidés par le slogan même de l'enseigne : « rendre le sport accessible au plus grand nombre ». L'innovation, dans l'ADN de l'entreprise depuis sa création en 1976, s'est structurée dans les années quatre-vingt-dix avec l'apparition de ses propres marques, comme Quechua, Tribord et Kipsta parmi d'autres, déclinées dans 85 sports.
900 ingénieurs et 300 designers
Chacune a, aujourd'hui, ses propres équipes d'innovation sur des sites décentralisées : la montagne à Sallanches, le sport d'eau à Hendaye, la voile à La Rochelle, etc. Elles sont renforcées d'équipes transversales qui créent, dessinent, conçoivent, testent et retestent au sein du Sportslab interne.
Au total, 900 ingénieurs et 300 designers travaillent à l'innovation dans l'entreprise, sans oublier les 270 chefs de produit. « Ce sont des sportifs passionnés qui, en écoutant les utilisateurs, en regardant aussi les avis des clients sur le site Internet, cherchent à résoudre leurs problématiques et leurs besoins », explique Irwin Wouts, responsable de l'innovation chez Decathlon.
Le développement durable incontournable
« Faciliter, cela peut signifier plus de confort, de sécurité, améliorer la pratique, ou juste plus de plaisir ou plus de fun », ajoute-t-il. Une innovation peut aussi apporter une nouvelle fonction, tel ce nouveau cuissard de vélo pour femme avec un zip placé à l'arrière pour faciliter les « pauses techniques ». Enfin, il y a l'innovation exclusive ou encore disruptive comme l'Easybreath ou la tente 2 seconds.
Depuis quelques années, s'est ajoutée une nouvelle dimension, désormais incontournable, celle du développement durable. Decathlon s'est en effet fixé l'objectif de diminuer ses émissions carbones de 40 % d'ici à 2026. Il peut s'agir du choix de matières plus responsables ou renouvelables, comme pour la tente 2 seconds, dont le tissu éco conçu est teinté dans la masse, de l'Easybreath fabriqué depuis 2020 à partir de 90 % de polypropylène recyclé ou encore du Wood Bike, ce tout nouveau vélo d'appartement constitué à 47 % de bois. Cela peut passer aussi par procédés industriels de fabrication moins polluants, ou encore par une meilleure réparabilité des produits.
Des centaines d'idées ou de projets n'aboutissent jamais, l'innovation n'étant pas une science exacte. Decathlon n'a, par exemple, pas encore réussi à mettre au point le pneu increvable. Et certains projets qui arrivent jusqu'en magasin ne font pas toujours leur preuve. Comme cet antivol de vélo soi-disant inviolable vite retiré des rayons car ne fonctionnant pas. « L'innovation doit répondre à trois critères importants : la faisabilité, qu'il y ait une vraie demande et surtout un intérêt économique en touchant un large public », souligne Irwin Wouts, qui affirme ne pouvoir évaluer le budget qui y est consacré chaque année.
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