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  • Photo du rédacteurThierry Bardy

En panne d'avenir



Hugues de Jouvenel


La croissance économique n'a jamais, depuis cinquante ans, été aussi forte, la décrue du chômage aussi vive depuis plus de dix ans. Mais les Français sont moroses et le climat délétère. Sont-ils victimes de la dépression saisonnière habituelle à l'approche de l'hiver, aigris du sentiment de ne point bénéficier équitablement de cette heureuse conjoncture, hantés par la nouvelle vague de Covid et, peut-être, les suivantes, ou trop occupés, chacun, à gérer comme ils peuvent leurs propres affaires. Rien, sauf la peur de l'avenir, ne semble de nature à les rassembler. La France est comme au bord du gué, peut-être à la croisée de deux mondes : l'un qui n'en finit pas de mourir ; l'autre qui n'en finit pas de naître. Et, paraphrasant ainsi A. Gramsci, celui-ci ajoutait « c'est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres »… Mais plutôt que de cultiver les peurs, d'attiser les haines, l'urgence n'est-elle pas de nous interroger sur les projets capables de mobiliser positivement l'intelligence et l'énergie des Français ? A quatre mois des prochaines élections présidentielles, outre la sinistre surenchère sur les questions sécuritaires, on n'entend guère les prétendants sur leur projet à long terme, leur représentation d'un avenir possible et souhaitable capable de susciter une mobilisation collective. Deux courants de pensée, aussi caricaturaux qu'opposés, semblent occuper la scène : celui des écologistes radicaux qui dénoncent un libéralisme débridé, les maux qu'il engendre et plaident pour la sobriété, sinon la décroissance ; celui des fervents défenseurs des progrès de la science et des technologies convaincus de leurs vertus salvatrices, sans même évoquer le leurre de pouvoir échapper à la Terre pour aller, nous-mêmes ou nos clones, vivre ailleurs, dans le cyberespace et se défouler sur les réseaux sociaux. Entre ces deux schémas extrêmes, outre le fait de vanter leurs talents respectifs, ceux qui prétendent aux fonctions suprêmes, seront-ils porteurs de visions crédibles d'un futur désirable, donc capables de susciter l'élan collectif en l'absence duquel rien ne sera possible hormis l'enlisement dans la lassitude, la morosité et la défiance que révèle depuis longtemps le « Baromètre de la confiance politique » du Cevipof ?

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