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Et demain, quel capitalisme ?



Jean-Hervé Lorenzi


Sitôt lancé, le débat devient intense. Certes, on évoque depuis plusieurs années une croissance plus inclusive et respectueuse de l'environnement, mais cela ne traite que d'une partie du sujet. Le terme de capitalisme lui-même est bien ambigu puisque, en réalité, à la chute du mur de Berlin, de multiples systèmes de fonctionnement du capitalisme sont apparus, l'anglo-saxon, le continental européen, le chinois…

Ceci posé, tout nous pousse à une réflexion essentielle, comme nous le ferons en introduction des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence. Nous n'arrêtons pas de nous questionner sur le télétravail et ses conséquences. De même, nous rêvons de remettre en cause notre système de formation et de qualification pour répondre à cette absurdité de centaines de milliers d'emplois non pourvus. Et nous n'hésitons pas à qualifier notre jeunesse de sacrifiée. En un mot de redonner un sens et une efficacité à notre système économique et social mondial, européen et évidemment français.

Comme dans tout vrai débat, plusieurs thèses s'expriment, toutes détenant une part de vérité et avec de fortes divergences. Philippe Aghion, à juste titre, pense que le développement d'un nouveau système technologique permettra de résoudre de nouvelles difficultés auxquelles nous sommes confrontés. Parce que les innovations entraîneront, de fait, des transformations économiques et sociales nécessaires. Mais il insiste aussi sur la nécessité d'imaginer des transferts de financement entre générations, plus précisément entre nos dispositifs de retraite et l'absolue nécessité d'améliorer nos systèmes de formation.

L'approche de Patrick Artus est assez différente. Il éclaire notre présent à travers les difficultés majeures et pour le moment sans solution que nous connaissons dans le monde : inégalités croissantes, déficits publics incontrôlés parce que soutenus par les banques centrales inondant le monde de liquidités. Mais il ne se contente pas de ce diagnostic et appelle, avec une grande ambition « une nouvelle philosophie d'économie politique » inspirée de l'ordolibéralisme qu'il nous faut évidemment renouveler. L'un et l'autre ont développé de manière très remarquable leurs positions dans des ouvrages récents.

Bien évidemment, la répartition salaire-profit est au coeur de l'avenir de nos sociétés. Dans le prolongement de cela, Alain Villemeur et moi-même avons considéré, dans un ouvrage récent, que cinq autres répartitions en complément jouent un rôle majeur. Il faut évidemment sur la répartition salaire-profit un rééquilibrage qui rend notre croissance soutenable et pérenne. Mais il y a d'autres éléments qui commencent à être au coeur du débat de politiques économiques.

Comment financer les transitions écologiques numériques et démographiques en s'appuyant sur une épargne détenue en très large part par des retraités par définition averses au risque ? Seul l'Etat peut, sans lui-même investir directement, donner des garanties qui permettent à cette épargne d'êtreau coeur du financement de la nouvelle croissance. Quant au système de protection sociale auquel on adjoint les dépenses de formation et dont chacun connaît les mérites en France, il s'agit de le répartir là également de manière plus équilibrée entre générations. Nul ne peut raisonnablement espérer que le seul objectif soit de revenir l'année prochaine à la situation que nous connaissions en 2019 avec son lot de chômeurs et de pauvreté.

C'est donc bien une véritable rupture qu'il nous faut mettre en oeuvre, fuyant toute mesure homéopathique et n'hésitant pas à expliciter toutes les incroyables disparités qui existent dans notre pays.


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