Dans un rapport, le think tank formule plusieurs recommandations pour que l'Europe et la France deviennent des puissances de l'IA « sûre et digne de confiance ».
Entre les Etats-Unis et la Chine, l'Europe peut encore devenir un « acteur clé » de l'intelligence artificielle (IA), même si le continent a pris un « retard difficilement rattrapable ». Mais uniquement à condition de miser sur l'IA « sûre et digne de confiance », c'est-à-dire des algorithmes non biaisés, fonctionnant sur des règles, et non des probabilités mathématiques… C'est la thèse que soutient l'Institut Montaigne dans un rapport de 80 pages et qui formule dix recommandations en ce sens.
La proposition la plus forte du think tank libéral est de consacrer 1 milliard d'euros à l'échelle européenne pour cette IA éthique. Concrètement, l'IA devrait être érigée au rang de « projet important d'intérêt européen commun » (PIIEC), comme il en existe aujourd'hui dans la santé ou l'hydrogène. Un label qui permet d'assouplir la régulation sur les aides d'Etat et donc à plusieurs pays de soutenir des projets transnationaux.
Des mathématiciens de rang mondial
L'Institut Montaigne espère ainsi compenser la faiblesse des moyens au niveau européen. Pour autant, une telle enveloppe resterait bien modeste face aux 92 milliards de dollars d'investissements privés dans l'IA dans le monde, rien qu'en 2022, soit « vingt fois plus qu'il y a dix ans » écrit le cercle de réflexion.
La France a également une carte à jouer, avec ses « chercheurs de rang mondial en mathématiques et en IA » et ses modèles de langage, comme Bloom, développé par le CNRS. Mais alors que beaucoup d'entre eux (dont Yann Le Cun chez Meta) sont partis dans la tech américaine, l'Institut estime pouvoir les attirer à nouveau en insistant sur le caractère d'intérêt général de l'IA de confiance, face à des groupes américains davantage tournés vers la performance algorithmique.
D'un point de vue organisationnel, l'Institut Montaigne plaide pour créer un groupement d'intérêt public (GIP) qui permet à des partenaires privés et publics de mettre des moyens en commun. Dans un premier temps, ce projet « d'innovation de rupture » pourra être financé à hauteur de 100 millions d'euros via le Fonds pour l'innovation et l'industrie (FII) créé en 2018 et qui dispose de 10 milliards d'euros.
Enfin, l'Institut Montaigne insiste sur la nécessité de définir un cadre européen clair pour la régulation de l'IA. Le Vieux Continent a été précurseur avec l'AI Act présenté en avril 2021. Sur ce sujet, le think tank préconise la création d'un « bac à sable » juridique pour tester le degré de conformité des nouveaux systèmes d'IA. Autre piste, la création d'une base de données pour permettre au futur régulateur de l'IA en France de suivre les défaillances et d'adapter la régulation en conséquence.
Commenti