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Photo du rédacteurThierry Bardy

Le patron français de Moderna entre dans la cour des philanthropes



Julien Dupont-Calbo


Stéphane Bancel, qui a fait fortune grâce aux vaccins ARN contre le Covid, veut consacrer sa fortune à préserver la planète.

« Les enfants auront la maison de famille et une éducation. Mais le reste sera donné. » La progéniture de Stéphane Bancel est prévenue : elle ne pourra pas compter sur l'inestimable trésor du patron de Moderna,la biotech américaine qui a fait fortune grâce à ses vaccins contre le Covid.

A 49 ans, le dirigeant français a confirmé à Davos qu'il s'apprêtait à céder ses stock-options expirant dans les douze mois : celles qu'il avait obtenues en 2011, à son arrivée au sein du spécialiste de l'ARN. Selon ses calculs, la manoeuvre longue pourrait lui rapporter environ 355 millions de dollars - 280 millions de dollars après impôt. A l'américaine, Stéphane Bancel et sa femme, Brenda, entendent consacrer l'intégralité de cette somme à « améliorer le monde ».

Le poids des Jésuites

« Moderna a procuré à ma famille une sécurité financière que je n'avais jamais imaginée, ni franchement recherché », raconte sur le blog de l'entreprise celui qui a été formé par les Jésuites en France, avant de faire Centrale puis Harvard. Cela lui a permis, dit-il, de développer une quête constante de l'excellence, et la conviction qu'on existe pour servir le bien. Avec 5,4 % du capital de Moderna - il a participé à tous les tours de table avant l'IPO -, son patrimoine représente 4,1 milliards de dollars selon Bloomberg. Le cours de l'action Moderna ayant perdu 42 % depuis le début de l'année à la Bourse de New York, avec la chute des valeurs technologiques et l'atterrissage de la pandémie.

Le Marseillais et sa femme entendent soutenir des initiatives de préservation du climat - dont la fusion nucléaire - ou dans la santé, via un fonds familial faisant des donations. A Davos, Stéphane Bancel, qui n'a pas de voiture, a expliqué que son adolescente l'avait convaincu de devenir végétarien pour sauver la planète. Il va vendre 90.000 actions par semaine pendant un an, pour ne pas créer de choc sur le cours de Bourse.

Stratège de l'année 2021 des « Echos », Stéphane Bancel est l'un des figures marquantes de la pandémie. Cet ancien dirigeant de BioMérieux avait fait le pari de Moderna et de la technologie des vaccins ARN il y a dix ans, quand les deux en étaient encore à leurs balbutiements.

Le développement « logiciel » de vaccin a permis d'obtenir des doses contre le Covid en 42 jours seulement. Une performance qui avait été remarquée par Donald Trump, lors d'une réunion de crise à la Maison-Blanche en mars 2020 avec les patrons de Big Pharma : « Vous me parlez en années et lui me parle en mois », avait lancé le prédécesseur de Joe Biden devant une assistance nerveuse.

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