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  • Photo du rédacteurThierry Bardy

Que ferons-nous en 2050 ?



Sabine Delanglade


En 2050, serons-nous dans le meilleur ou le pire des mondes ? Difficile à prévoir, mais dans certains domaines - éducation, transport, alimentation - les perspectives qui se dessinent autorisent un certain optimisme.

En 2014, parmi les organisateurs de la COP21 à Paris, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) avait eu l'excellente idée de demander à un présentateur météo par pays de présenter un bulletin qui anticipe les températures du 18 août 2050. Lorsque Evelyne Dhéliat, la grande prêtresse du temps à TF1, reçoit les chiffres préparés par Météo France, elle leur répond : « Vous n'y pensez pas ! » Quarante degrés à Paris, 43 °C à Nîmes, 41 °C à Strasbourg. Et puis quoi encore ? Au vu de ce qui s'est passé depuis, canicules de plus en plus précoces, 42,6 °C à Paris en 2019, 46 °C dans l'Hérault cet été, elle s'attend à un réajustement « costaud » des prévisions 2050.

La projection d'un raz de marée démographique à la fin du siècle vient elle aussi d'être chamboulée par une note de HSBC. La banque ne voit pas pourquoi le taux de fécondité des femmes dans les pays émergents ne continuerait pas à chuter pour les mêmes raisons qu'il a dégringolé dans les pays occidentaux : hausse du niveau de vie, baisse de la mortalité infantile, progression de l'éducation et de l'emploi des femmes. Résultat : la perspective d'une population de plus de 10 milliards d'hommes à la fin du siècle pourrait être réduite à 4 milliards. Ce qui est assez sidérant mais montre une fois de plus que l'avenir est ce qu'il est de plus difficile à prévoir.

De larges progrès dans l'éducation

Il n'est pas non plus forcément rose. « Ni forcément noir », complète l'économiste Pierre Le Roy. Il est né dans la campagne bretonne, dans une ferme dont le sol était encore en terre battue. Devenu énarque par la grâce de l'éducation républicaine, l'inventeur de l'indice du bonheur mondial aime s'attacher aux faits, détecter dans les chiffres les tendances lourdes de l'évolution. Il n'est pas assez naïf pour imaginer qu'il peut prédire l'avenir mais se risque au jeu des pronostics dans « 2050, le meilleur ou le pire des mondes » (*).

Commençons par le meilleur. Pour Le Roy, il s'agit sans doute de l'éducation, même si, évidemment, il y a des bémols. Trois des objectifs fixés par l'Unesco à Dakar en 2000 - faire accéder tous les enfants du monde à l'école primaire, supprimer l'analphabétisme et éliminer les disparités entre garçons et filles dans l'accès à l'éducation - devraient être globalement atteints.

Bien sûr, tout est dans le « globalement » : au Pakistan ou en Afghanistan, les filles sont toujours inférieures aux garçons. Des pays pauvres comme le Mali ne peuvent financer les établissements nécessaires. Ces cas concerneraient alors environ seulement 3 % des enfants du monde. De même l'analphabétisme ne toucherait plus que 300 millions d'adultes en 2050 pour 900 millions en 2000 et 600 millions en 2025. Et il restera beaucoup à faire dans le secondaire et le supérieur malgré les « bonnes surprises » que sont à ce sujet le Rwanda, l'Ethiopie ou l'Inde. La santé de la population continue aussi de s'améliorer même si l'inégalité reste criante : « 80 % de la mortalité maternelle mondiale proviendra en 2050 d'Afrique subsaharienne. »

Sur la faim, les paysans ont « fait le job » : la terre peut produire en moyenne 2.800 kcal par jour en moyenne. Les causes des famines ne sont plus structurelles mais conjoncturelles. Ce sont les conséquences de la propre folie des hommes qui continueront de les affamer : guerres, migrations forcées, catastrophes climatiques… Son chapitre climatique, Le Roy le titre « Notre maison brûle toujours ». Au BCG, François Candelon insiste sur le climat comme « le » sujet de survie à moyen terme. Il ne voudrait pas que l'on sous-estime à cet égard « l'effet exponentiel de la technologie ». Comment ne pas comprendre que ce sera plutôt elle que des discours vindicatifs et paresseux qui sauvera la planète ?

La techno, Michel Forissier, directeur de l'ingénierie de Valeo, y croit à fond. Il explique comment la robotisation, la conduite autonome pourront non seulement alléger l'atmosphère mais aussi rompre les cas de solitude et d'isolement. Ainsi, des taxis robotisés fonctionnant 24 heures sur 24 pourront aller chercher des personnes isolées à la campagne ou dans des quartiers éloignés et les emmener où elles voudront, faire leurs courses, voir des amis, ce qu'elles ne pouvaient plus faire. La technologie sera au rendez-vous.

Des pantalons en champignon

De la même façon, elle aidera des pays d'Asie et d'Afrique à sauter l'étape de la voiture thermique individuelle comme ils l'ont fait de celle du téléphone fixe pour le smartphone. Valeo cite déjà des expériences de partage de motos électriques en Afrique, et bientôt de flottes de véhicules autonomes qui auront le triple avantage d'être propres, peu coûteux et adaptés aux besoins émergents. Une étude (Strategy Analytics) a d'ailleurs montré que l'avènement du véhicule autonome permettrait de faire gagner plus de 250 millions d'heures de temps libre. Autant de gagné pour les jeux vidéo ?

Pour éviter que le ciel ne leur tombe sur la tête, les hommes devront changer leurs habitudes, c'est certain, mais comment ? Pourquoi ne pas laisser libre cours à son imagination ? Novethic s'y risque plaisamment, projetant ce que pourrait être la mode à l'horizon 2050. Chaque citoyen aurait un quota de CO2 à ne pas dépasser sous peine de ne pas pouvoir acheter de vêtements pendant un an. Et encore, il faudra qu'ils soient confectionnés à partir de déchets. Ainsi Samia reçoit un message : « Vous pouvez commander un pantalon à moins de 5 kg d'équivalent CO2. » Illico, celle-ci opte pour « un pantalon en champignon ». Celui-ci devrait bien se marier avec son sac de poisson. Les marques seront en effet priées de s'approvisionner chez les poissonniers afin d'y récupérer les écailles avec lesquelles elles fabriqueront leurs sacs. Le futur, ce sac de noeuds.

(*) Editions Yellow Concept, 290 pages, 23 euros.

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