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  • Photo du rédacteurThierry Bardy

Transition écologique : pourquoi il faut penser global


Christel Bories


Pour définir une véritable stratégie énergétique, il faut avoir conscience que le combat contre le changement climatique se dispute sur plusieurs fronts et que les métaux sont essentiels pour effectuer notre transition énergétique vers une économie neutre en carbone. Nous savons tous que les batteries qui équiperont les véhicules électriques de demain et qui représentent 40 % de la valeur de la voiture, les fameuses batteries lithium-ion, auront besoin de nickel, de lithium, de cobalt, de manganèse… On évoque régulièrement les « gigafactory » pour produire les batteries en Europe mais un peu moins la provenance de leurs matières premières.

D'où viendront ces matières premières ? De l'Europe ? Elle importe de 75 % à 100 % des métaux qu'elle consomme, et son potentiel minier n'a ni la taille critique ni la compétitivité pour justifier des énormes investissements nécessaires à leur extraction et transformation. Les gisements les plus compétitifs sont situés en Indonésie, en Argentine, au Chili ou en République démocratique du Congo. Et le recyclage qui doit se développer pour réduire notre consommation de ressources primaires et notre dépendance future ne pourra satisfaire qu'une faible partie de la demande européenne en 2030.

La Chine contrôle la plupart des mines de nickel qui alimenteront le marché des véhicules électriques, 50 % des capacités de production de lithium et devrait s'approprier 50 % des mines de cobalt d'ici à 2025. Et davantage si l'on s'intéresse aux capacités de raffinage de ces métaux. Le Japon, la Corée du Sud et les Etats-Unis ont également une politique active de sécurisation de leurs approvisionnements en métaux et en terres rares.Si l'Europe ne développe pas une stratégie ambitieuse de sécurisation de l'approvisionnement pour ces métaux de la transition énergétique, elle risque de transformer sa dépendance aux énergies fossiles en une dépendance non maîtrisée aux métaux critiques.

Eramet fait le choix de se recentrer sur ses activités minières essentielles au monde de demain. Il faut créer les mécanismes pour aider à développer des entreprises comme la nôtre, créer des acteurs miniers et métallurgiques européens de dimension mondiale qui permettront de garantir l'accès à la ressource première et donc de sécuriser nos activités industrielles avales. Mais ce n'est pas tout : chacun des métaux nécessaires à la transition écologique comporte des risques spécifiques, de l'extraction à la transformation. Il ne servirait à rien de défendre la transition écologique en Europe avec le développement des véhicules électriques, si cela se fait au prix d'une consommation de métaux intensément carbonés ou non éthiques. La problématique des mines artisanales de cobalt avec le travail des enfants est bien connue. Le sujet de la préservation des ressources en eau pour le lithium commence aussi à être visible. La grande majorité du nickel (et du cobalt) contenu dans les batteries est produite à partir de procédés pouvant générer des résidus que certains envisagent de rejeter dans les fosses océaniques.

Eramet plaide contre ces pratiques et développe des procédés innovants. Cela a un coût et nous expose en termes de compétitivité. Mais cela devrait devenir un atout d'être considéré comme un acteur responsable par nos clients, nos pays hôtes et le consommateur final. Cela montre la nécessité de penser la transition écologique dans son ensemble, pas seulement sur un continent et pas seulement comme un devoir. Elle peut être, doit être, une formidable opportunité à condition de penser global.

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