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  • Photo du rédacteurThierry Bardy

Web3, NFT, crypto, métavers : entre arnaque, bullshit et cauchemard…


Le Web3 serait en train de transformer les mondes numériques en une sorte de hub, entre business, télé-shopping et spéculation. Mais est-ce que cela vaut le coup ?

Même Elon Musk et Jack Dorsey le disent : quelque chose ne tourne pas rond dans le Web3 (à comprendre, le nouveau web, mélange de NFT, de cryptomonnaies et de métavers). Aral Balkan, auteur de la Déclaration universelle des droits du cyborg, co-fondateur de la Small Technology Foundation et défenseur d’une vision alternative du web, veut proposer une alternative. Le Web0, sorte de Web3, la poudre aux yeux en moins. Interview.


Qu’est-ce que le Web3 selon vous ?

Aral Balkan : C’est simple, c'est du bullshit, le dernier chapitre de la Silicon Valley pour contrôler le récit du futur du web. Si on fait un peu d'histoire, le web a toujours été une question de données et de leur business. Le Web 1.0 a accouché du web commercial. Vous alliez sur des sites – Google, Yahoo, etc. et leurs propriétaires pouvaient récupérer vos données et les monétiser. Cette technique a ses limites et ne passe pas facilement à l’échelle – or, le capitalisme repose sur la croissance exponentielle. Arrive le Web 2.0. Les entreprises comme Google ou Facebook permettent aux développeurs de construire des applications et des sites liés aux leurs, où la data est renvoyée vers eux. C’est ce qu’on appelle les API (interface de programmation d’applications) et c’est sur ça qu’est basé le Web 2.0.


En fin de compte, le Web3 n'est juste qu'une évolution. La Silicon Valley a essayé de nombreuses choses pour obtenir plus de données. L’Internet des Objets par exemple avec les assistants, les voitures, les villes intelligentes... Une bonne question à se poser est : qui devient plus intelligent, à propos de quoi ?


Désormais, Facebook veut créer un univers. Ils pourront y contrôler la lumière, le son, voir ce qui impacte les gens… c’est un laboratoire magnifique. (À ce propos, en 2014 Facebook avait modifié le contenu du flux d’actualité de 689 000 utilisateurs pour observer les effets positifs ou négatifs de la « contagion émotionnelle » , Ndlr.)


Dans votre manifeste, vous visez la blockchain, le métavers et les NFTs. Qu’est-ce que vous leur reprochez ?

A. B. : La blockchain est une structure de données qui ne comporte rien d’intrinsèquement mauvais. Ce qui ne va pas c’est l’utilisation de la proof-of-work pour garantir les bitcoins : cela demande une somme d’énergie énorme et la richesse est concentrée dans les mains d’un tout petit nombre de personnes. Est-ce qu’on doit utiliser la proof-of-work ? Non. Avec la Small Tech Foundation nous utilisons la cryptomonnaie Nano. Vous n’en avez sûrement pas entendu parler car son but n’est pas de créer des millionnaires grâce à la spéculation mais de créer une monnaie utilisable.


Les NFTs sont une arnaque totale. C’est tellement stupide, je ne comprends pas que les gens les prennent au sérieux : obtenir une donnée dans une base pour prouver que vous possédez quelque chose. C’est plus ou moins un contrat mais sans son aspect légal.


Le métavers existe déjà, nous n’avons pas besoin du casque de Mark Zuckerberg. La question est de savoir si nous allons pouvoir vivre dans un métavers, ou un réseau numérique mondial, comme des humains, des personnes avec des droits et une vie privée, ou comme les esclaves de ceux qui possèdent le métavers et qui peuvent observer, prédire et manipuler nos comportements.


Si ce n’est pas le Web3, vers quoi devons-nous évoluer ?

A. B. : La question est cruciale : peut-on évoluer différemment ou avons-nous un manque total d’imagination ? Allons-nous laisser Mark Zuckerberg, Elon Musk et Marc Andreessen nous dire ce que le futur devrait être ? Nous avons besoin d’une pluralité d’imaginations car ces outils déterminent les limites de notre vie, ils filtrent littéralement notre réalité.


Il y a beaucoup de déterminisme technologique, comme s’il n’y avait qu’un seul chemin possible : celui de la Silicon Valley, du « progrès ». Si vous n’êtes pas d’accord, vous êtes un luddite. Or, le progrès n’est pas une question de technologie. Il est poussé par l’idéologie, des critères de succès, un système socio-économique…


Les gens de la Silicon Valley se présentent comme des personnes qui veulent améliorer la société, changer le monde – pas comme voulant faire de l’argent. C’est ce qui leur donne leur légitimité. Mais en réalité, ils ne font que pousser des marques qui leur permettront de gagner leur prochain million.

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