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  • Photo du rédacteurThierry Bardy

Le monde manque de compétences pour affronter les défis du futur

Richard Hiault Face au réchauffement climatique et à l'émergence de nouvelles technologies numériques, la population mondiale manque des compétences nécessaires à leur gestion, avertit l'OCDE. L'information semble anecdotique. Mais elle est révélatrice des défis des compétences à relever dans le monde de demain. Selon un sondage Ipsos conduit dans 28 pays au printemps 2022, moins de 60 % de la population en Australie, au Brésil, en Belgique, en Grande-Bretagne, en Inde, en Italie, en Malaisie et au Pérou s'est déclarée capable d'enfourcher une bicyclette pour effectuer un trajet. Si la communauté internationale entend lutter contre le réchauffement climatique en diminuant la présence de l'automobile en zone urbaine, des efforts restent à faire sur ce point. En publiant, lundi, son rapport annuel sur l'état des compétences des populations de ses pays membres, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) constate de sérieuses lacunes pour affronter l'avenir. « Le rythme du changement climatique et des innovations technologiques récentes reste supérieur au rythme de l'évolution des politiques d'éducation et de développement des compétences », regrette l'Organisation. Sur le plan climatique, « seulement trois jeunes sur dix ont acquis les connaissances et les compétences nécessaires pour préserver l'environnement », constate Stefano Scarpetta, directeur de l'emploi, du travail et des affaires sociales de l'OCDE. « En moyenne, 63 % de la population des pays membres considère le changement climatique comme une menace », ajoute-t-il. Cinq milliards de connectés Au total, 46 % des jeunes les plus favorisés sur le plan socio-économique ont acquis les compétences de base et développé l'état d'esprit qui leur permettront de trouver un emploi dans la nouvelle économie verte et de contribuer à la durabilité environnementale en tant que consommateurs. Pour les jeunes défavorisés, le pourcentage tombe à 21 %. Il est un autre phénomène qui inquiète grandement l'OCDE. C'est celui de l'information. Lorsque Johannes Gutenberg, au XVe siècle, inventa l'imprimerie, la multiplication des documents imprimés facilita la diffusion d'informations mensongères soulevant la question de la fiabilité de l'information. « L'essor des réseaux sociaux et de l'intelligence artificielle (IA) entraîne l'apparition de difficultés du même ordre », avertit l'OCDE. Sur les quelque 8 milliards d'êtres humains, environ 5 milliards ont accès à Internet. Ce développement a augmenté de manière considérable le volume d'informations accessibles et échangées à travers le monde. Mais cet envol n'a pas nécessairement été accompagné d'une hausse de la qualité des informations mises à disposition. Six adultes sur dix craignent de recevoir de fausses informations en ligne. « Les données et l'information sont le nouveau pétrole de la future économie », prédit Andreas Schleicher, directeur de l'éducation et des compétences de l'Organisation. « Seuls 58 % des étudiants les plus avantagés ont reçu un enseignement pour détecter si une information est subjective ou biaisée », relate Andreas Schleicher. Sept jeunes sur dix ont, à l'âge de 15 ans, le niveau de base requis (compétence en lecture, en sciences et en mathématiques) pour naviguer dans cette société d'information. Or l'évolution des profils d'emploi liés à la transition écologique notamment va augmenter la demande des entreprises ou des administrations pour des compétences numériques liées à la gestion des masses de données. Dans les pays de l'OCDE, seul un jeune sur trois environ possède à la fois les connaissances scientifiques de base et les dispositions et comportements nécessaires pour devenir un consommateur avisé et un futur salarié de l'économie verte, avance encore le rapport. Besoin de compétences dans le secteur de l'IA L'émergence des systèmes d'intelligence artificielle générative ne fera qu'accroître le besoin de compétences pour extraire et générer des informations, prévient Andréas Schleicher. Si 42 % des adultes perçoivent ces technologies comme étant « plutôt utiles », 35 % les considèrent comme étant « plutôt nuisibles ». Pour l'heure, le nombre d'offres d'emploi est encore restreint et se concentre sur le développement de systèmes d'IA. Mais « ces métiers ont une influence énorme », indique Andreas Schleicher. Surtout, l'OCDE s'inquiète de l'absence de dimension éthique du secteur. Moins de 1 % de l'ensemble des offres d'emploi liées à l'IA y faisaient référence. « En dépit d'engagements forts des Etats et d'intentions affirmées par les entreprises spécialisées dans le développement de l'IA, l'éthique n'est pas encore priorisée dans les décisions de recrutement », contrairement aux compétences techniques par exemple, déplore l'Organisation. A l'issue du sommet consacré à la sécurité de l'intelligence artificielle, près de Londres, le 2 novembre dernier, 28 gouvernements se sont engagés à travailler ensemble de façon « à garantir que l'IA est développée et déployée de manière sûre et responsable ».

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