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  • Photo du rédacteurThierry Bardy

Comment éviter le naufrage bureaucratique ?

Gilles Babinet Hier encore, un magazine titrait en couverture "Le XXIe siècle sera-t-il low-tech ?", laissant à penser que la technologie est structurellement destructrice pour l'environnement. Et il est indéniable que ces dernières années, de nombreuses technologies significatives ont été axées sur la consommation irraisonnée. Par exemple, 100% des gains d'efficacité des moteurs thermiques ont été utilisés pour augmenter le poids des véhicules, ce qui a entraîné la prolifération des SUV. De même, depuis 1990, la performance énergétique des avions a augmenté d'environ 40%, mais le trafic aérien a triplé, etc. En réalité, le développement économique à tout prix, souvent au détriment de l'environnement, a été privilégié, comme s'il s'agissait d'un service gratuit. Peu de préoccupations ont été accordées pour que la production tienne compte de ses externalités environnementales et de carbone. Ces deux dernières années, d'importantes évolutions réglementaires sont apparues, imposant aux producteurs européens, ainsi qu'aux pays exportant vers l'Europe, des normes contraignantes qui les obligent progressivement à prendre en compte et payer leurs externalités. Cela pourrait entraîner une immense complexité administrative, un peu comme si l'on demandait aux entreprises de passer de l'absence totale de comptabilité à la comptabilité sophistiquée que nous connaissons aujourd'hui, en seulement quelques années. Il faut tout construire : les systèmes comptables, les processus de transmission des données entre les acteurs économiques, etc. Bien entendu, de nombreuses entreprises résistent et ne voient aucune raison de ne pas continuer comme avant, car cela fonctionne très bien ainsi. À Bruxelles, les critiques à l'égard de la CSRD (la double matérialité comptable des externalités des entreprises) et du CBAM (le calcul du carbone importé depuis l'extérieur de l'UE) sont très fortes, qualifiées de "jamais vues" par un membre de la Commission. La pression des États-Unis et de la Chine est importante. Pourtant, qui peut sérieusement croire que les entreprises ne finiront pas par devoir rendre des comptes pour les dommages environnementaux qu'elles causent, tôt ou tard ? Bien sûr, c'est complexe, et si mal géré, cela pourrait être préjudiciable à l'UE, dont la compétitivité décline rapidement par rapport aux pays à forte technologie, comme les États-Unis. Cependant, il existe une autre voie : utiliser massivement le numérique et l'intelligence artificielle pour créer des entreprises qui échangent librement ces données et travaillent de manière beaucoup plus intégrée. Non, la technologie n'est pas intrinsèquement destructrice. Elle a simplement été orientée vers le consumérisme, car le développement économique et la compétition entre les nations ont dominé les décennies passées. Il est probable qu'avec ces nouvelles contraintes, la technologie se réoriente progressivement vers l'environnement. C'est une opportunité de faire les choses différemment et mieux. Un exemple parmi de nombreux autres.

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