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  • Photo du rédacteurThierry Bardy

Le « chief impact officer », magique ou illusoire ?

Camille Wong

Le métier se popularise petit à petit dans les start-up, mais avec des degrés de responsabilités différents. C'était l'un des thèmes abordés à l'occasion des Universités d'été de l'économie de demain, organisées par le Mouvement Impact France.

Après dix-huit mois passés chez Contentsquare, Kat Borlongan, figure iconique de la French Tech, va quitter ses fonctions de « chief impact officer » à la fin du mois. « De manière similaire à mon passage au sein de la mission French Tech, j'arrive quand il y a beaucoup de bonnes intentions mais pas encore de structure et je pars quand cela commence à rentrer dans les clous », dit-elle.

Kat Borlongan ne sera pas remplacée : c'est le directeur des opérations qui enfile sa casquette. La fin d'un cycle pour cette ancienne patronne de la mission French Tech, qui va « prendre du temps auprès de sa famille et réfléchir à la suite ».

Un poste encore rare

A l'époque, sa nomination avait permis de mettre en lumière un métier traditionnellement associé aux grands groupes. Mais si, avec son développement dans l'écosystème French Tech, la profession gagne une caisse de résonance, elle évolue désormais dans un environnement où les financements se tarissent et où les start-up réduisent les coûts.

Quitte à menacer ce poste ? « Effectivement, comme les RH, qui sont encore considérées comme une fonction support. Tant que la fonction ne sera pas vue comme clé et capable de servir le business de l'entreprise, elle sera en danger », souligne Maya Noël, la patronne de France Digitale.

Dans les faits, seules 4 % des start-up ont un responsable RSE en interne, note une récente étude de France Digitale, rappelée à l'occasion des Universités d'été de l'économie de demain organisées le 30 août par Mouvement Impact France. « La décision d'embaucher ce type de profil devient stratégique. D'autant plus dans un secteur réglementé », nuance la patronne du lobby des start-up.

Les responsabilités qui lui incombent, tout comme le périmètre d'action, diffèrent énormément en fonction des start-up, de leur secteur et, surtout, de leur taille. « Il manque souvent la partie 'chef' dans ce métier. Beaucoup de professionnels sont en réalité des experts, mais sans équipe », remarque Kat Borlongan, qui, elle, a été à la tête d'une équipe comptant jusqu'à onze personnes.

En général, le « chief impact officer » est plutôt tourné vers l'interne : les pratiques de l'entreprise, la réalisation d'un bilan carbone, des reportings et certifications… Quand d'autres, plus rares, sont aussi tournés vers l'externe et touchent au modèle de l'entreprise. Certains pénètrent même le Comex. C'était le cas de Kat Borlongan, mais aussi de Dounia Wone (Vestiaire Collective), par exemple. Le métier doit néanmoins faire face à des résistances en interne, jusqu'au PDG, ou du côté des fournisseurs. « Tu te prends parfois des murs, avec pas mal d'entreprises auprès desquelles il faut réclamer les vraies informations », illustre Audrey Yvert, qui exerce cette fonction chez OpenClassrooms.

Malgré tout, ce rôle qui doit rester transverse en irriguant tous les départements, et pas uniquement cloisonné au service marketing-communication, auquel il est généralement rattaché. De plus en plus, il s'étend aussi aux directions financières en raison d'obligations de reporting extra-financier.

Signaux faibles

« La partie stratégie permet d'avoir une voix qui porte plus en interne, et elle est déterminante pour peser en externe, car cela apporte une légitimité : celle d'avoir la vision portée par le PDG », estime Audrey Zermati, directrice stratégie chez Effy, qui porte les sujets impact. Pour ces professionnels, le spectre du greenwashing n'est jamais loin, en particulier dans des modèles BtoC. « Il ne faut pas montrer uniquement ce que tu fais bien, mais aussi ta progression dans la prise en compte du sujet », poursuit la directrice stratégie.

« Avoir un titre ronflant sur sa page LinkedIn n'est pas forcément un gage de sérieux. Les signaux faibles à repérer sont par exemple les personnes mettant en avant des initiatives qui sont en réalité des obligations légales », renchérit Audrey Yvert. Et la professionnelle de penser, par exemple, à l'index de l'égalité professionnelle ou encore, plus récemment, à la vaisselle jetable désormais interdite dans les fast-foods.

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