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  • Photo du rédacteurThierry Bardy

QUANTIQUE - McKinsey conseille d'investir maintenant



Matthieu Quiret


Le cabinet de conseil estime que les premiers bouleversements de l'informatique quantique dans les entreprises interviendront dans quelques années et qu'elles doivent s'y préparer.

L'ordinateur quantique n'est plus de la science-fiction et les entreprises doivent vite s'y préparer. C'est le signal d'alarme que tire McKinsey en direction de ses clients. Le leader du conseil stratégique veut réveiller les directions générales sur ce potentiel de croissance que va bientôt offrir le calcul quantique. Dans un rapport publié lundi, il évalue à 1.300 milliards de dollars l'effet que pourrait avoir d'ici à 2035 cette informatique ultrarapide qui exploite les comportements de la matière à l'échelle atomique.

Déjà éblouies par les promesses de l'intelligence artificielle générative dont il est difficile de deviner les impacts, les entreprises doivent embrayer sur un nouveau pari technologique pourtant encore largement au stade du laboratoire. « La première génération d'ordinateur sera accessible d'ici cinq ans, certainement à travers une poignée d'offres dans le cloud », prévient Stéphane Bout, associé senior et responsable en France de QuantumBlack et du pôle digital de McKinsey qui travaillent sur l'intelligence artificielle et le quantique. Sur les 750 consultants que comprend le bureau français, 150 sont des experts du numérique et une quinzaine se concentrent sur le quantique.

Stéphane Bout estime que la très forte puissance de ces ordinateurs promet d'accélérer la mise au point de nouveaux produits grâce à des simulations très rapides. La chimie ou la pharmacie devraient être parmi les premiers bénéficiaires. « La modélisation d'une molécule pharmaceutique complexe exige 10 puissance 100 bits, à comparer aux 10 puissance 80 atomes présents dans l'univers. C'est envisageable avec des ordinateurs de 200 à 300 qbits d'ici dix ans », estime-t-il.

De même, le secteur de la beauté pourra formuler plus vite ses produits de soin. La chimie des batteries pour l'automobile ou l'aérodynamique dans l'aéronautique gagneront à accélérer leurs calculs. Mais c'est, même avant cela, dans la banque que les premières applications iront le plus vite, par exemple pour faire tourner les modèles mathématiques de Monte-Carlo dans le calcul des prix des dérivés. Le secteur de la logistique, avec ses énormes volumes de données à gérer, doit s'y intéresser lui aussi.

Pour l'expert, c'est le moment d'investir pour trois raisons. Les usages de ces technologies sont complexes et il faut les anticiper bien avant l'arrivée de la machine elle-même pour en tirer le meilleur parti. « Le niveau de difficulté est plus élevé dans le quantique que dans l'IA », assène Stéphane Bout.

Deuxième raison, il faut attirer rapidement les talents sur ce sujet car ils resteront rares. On forme d'après lui quelques dizaines de scientifiques par an en France, quelques centaines aux Etats-Unis. « Recruter un docteur en physique quantique, c'est complexe », rappelle-t-il. Enfin, il estime que dans les modèles quantiques, il y a matière pour les groupes à créer de la propriété intellectuelle, des brevets.

Former les équipes

McKinsey a constaté le manque de maturité de ses clients dans le domaine : moins de 5 % ont créé une équipe spécialisée. C'est pourquoi le cabinet lance une offre, mijotée pendant deux ans, pour faire monter en compétence les grands groupes. Dans un premier temps, il s'agit de former les équipes de R&D et les experts des données. Les consultants aideront ensuite l'entreprise à identifier les usages prioritaires, ceux susceptibles de fournir des créations de valeur. Stéphane Bout rappelle que de nombreux groupes qui ont investi dans l'IA relâchent l'effort faute d'avoir obtenu des retours sur investissements suffisants. D'où l'importance de bien cibler ses premiers efforts dans le quantique.

Dans une troisième phase, les entreprises devront adapter leurs modélisations au calcul quantique. On ne fait pas tourner de la même façon un code sur une machine binaire et sur un ordinateur capable de mener énormément d'opérations en parallèle - la force du quantique. Des simulateurs d'ordinateur quantique permettent déjà de vérifier la capacité d'un algorithme à chevaucher les qbits. Avec ses clients français les plus en pointe, le cabinet est déjà en train d'établir des feuilles de route mais ils ne communiqueront que dans quelques mois, « une fois qu'ils auront les idées claires ».

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