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Photo du rédacteurThierry Bardy

Retrouver la valeur travail


Intelligence artificielle, télétravail, semaine de quatre jours, l'écosystème du travail est plus que jamais bouleversé. Pour François Asselin, instaurer, comme on est en train de le faire, une législation qui multiplie les échappatoires au travail, n'est pas sans conséquences sociales et économiques.


Le travail est, depuis la nuit des temps, considéré comme indispensable pour subvenir à ses besoins. Cette conception semble aujourd'hui être remise en cause. Mais à y regarder de plus près, les choses sont plus complexes qu'elles n'y paraissent.

Petit retour en arrière. Première étape, les 35 heures et la mise en place des RTT : ce ne sont plus les loisirs qui s'organisent autour du travail mais le travail qui s'organise autour des loisirs. Et cela constitue un sacré changement. Deuxième étape, le Covid et le premier confinement qui insinuent dans certains esprits, l'idée que l'on peut vivre sans travailler et que les « pouvoirs publics » sont en mesure d'assurer un revenu à tous.

Parallèlement, le télétravail se répand , alimentant un nouveau concept, celui du « travail à la carte ». Désormais, aux yeux de certains, ce sont les salariés qui doivent pouvoir choisir à quel moment et dans quelles conditions ils souhaitent travailler. Plus forts encore, la semaine de quatre jours, le compte épargne temps universel, des sujets considérés comme extravagants il n'y a pas si longtemps, sont désormais sur la table.

Echapper au travail

Est-ce dramatique ? Non. Il est logique que le monde du travail évolue et s'adapte à l'évolution de la société. C'est l'inverse qui serait inquiétant. La jeunesse du XXIe siècle peut légitimement avoir des aspirations différentes de celle du XXe siècle. Repenser la place du travail pour lui redonner du sens dans un contexte technologique radicalement différent de ce qu'il était, peut s'avérer positif à bien des égards.

Prises individuellement, ces mesures peuvent s'entendre lorsque c'est un choix de l'entreprise, pour des raisons qui lui sont propres. Les entreprises sont différentes et il est logique que l'organisation du travail mise en place ne soit pas identique partout. Chacun doit rester libre de s'organiser comme il l'entend. Et c'est là que le bât blesse. Instaurer, comme on est en train de le faire, une législation qui multiplie les échappatoires au travail, n'est pas sans conséquences sociales, sociétales et économiques.

Décider, comme viennent par exemple de le faire les juges de la Cour de cassation - en appliquant un texte voté à Bruxelles - que les salariés malades auront maintenant droit à des congés payés acquis sur des périodes non travaillées et qu'il n'y a donc plus besoin de « gagner » ses congés payés, n'est pas neutre.

Goût de l'effort

« Ringardiser » la valeur travail en faisant collectivement primer l'aliénation sur l'épanouissement, et en présentant le travail comme une souffrance, c'est prendre le risque de créer une France à deux vitesses que l'on voit petit à petit se dessiner sous nos yeux. Ceux qui travaillent de plus en plus et ceux qui travaillent de moins en moins . Ceux qui paient toujours plus d'impôts et de taxes et ceux qui touchent toujours plus d'aides. Ceux qui pillent les magasins à la faveur des émeutes et les jeunes qui concourent au titre de meilleur ouvrier de France.

Il est parfois bon de revenir aux fondamentaux : le travail nourrit le goût de l'effort, permet à chacun de remplir son assiette, et à tous, de financer notre modèle de protection sociale . N'oublions jamais que les allocations des uns sont payées par le travail des autres et que la gratuité n'existe pas. Ce n'est pas un hasard si le travail paie de moins en moins alors qu'il coûte de plus en plus à l'employeur et que, dans le même temps, le taux de prélèvements obligatoires atteint des sommets.

Il devient donc impératif de redéfinir ce qui relève de la légitime solidarité conduisant à se préoccuper des plus fragiles et un assistanat excessif qui conduit l'Etat à la ruine. Repenser la place du travail dans l'entreprise tout en sacralisant, au niveau collectif, son rôle d'émancipation, voilà l'enjeu. Une conférence sociale peut-être ?

François Asselin est président de la CPME.

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