top of page
  • Photo du rédacteurThierry Bardy

Le rapport au travail a profondément changé depuis quarante ans selon Jérôme Fourquet



Yann Verdo


L'analyste politique Jérôme Fourquet, invité du dernier Grand Rendez-vous Euro- pe 1-CNews-« Les Echos », a dressé le bilan d'une société française partagée « entre colère et résignation ».

Avec seulement 26 % d'opinions favorables, soit aussi peu qu'au pic de la crise des « gilets jaunes » en janvier 2019, Emmanuel Macron est de nouveau au plancher dans les sondages, convenait dimanche l'analyste politique Jérôme Fourquet au micro du Grand Rendez-vous Europe 1-CNews-« Les Echos ». Une remontada sondagière, analogue à celle qui lui avait permis de regagner 10 points en six mois il y a quatre ans, est-elle encore possible en ce premier quart du second mandat ?

Pour le directeur du département opinion de l'Ifop et auteur de « L'Archipel français » et de « La France sous nos yeux », rien n'est moins sûr, tant les leviers politiques sur lesquels pourrait s'appuyer le président de la République se trouvent affaiblis. Un déficit d'une quarantaine de sièges à l'Assemblée nationale, un bloc de près d'un Français sur deux (47 %) très mécontents de son action et définitivement perdu à sa cause, des « recettes ou ficelles » pour renouer le lien avec l'opinion (le Grand débat, les Conventions citoyennes) déjà utilisées et qui laissent « le roi nu »… Tout cela se conjugue pour rendre le risque d'un second mandat « lancinant » bien réel. « On voit s'installer l'idée que la France va vivre dans cette espèce d'entre-deux pendant les quatre ans qui restent », pointe l'analyste.

Entre colère et résignation

Pour Jérôme Fourquet, cette situation, loin d'être purement et simplement conjoncturelle, a des explications structurelles : elle s'enracine dans l'état dans lequel se trouve ce qu'il appelle le « pays profond ». Ainsi, ce qui s'est joué derrière la contestation contre la réforme des retraites, c'est aussi et surtout notre rapport au travail, qui a profondément changé depuis quarante ans.

« En 1990, 60 % des Français déclaraient que leur travail était 'très important' dans leur vie. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 21 % », souligne le dirigeant de l'Ifop. Montée des loisirs et du consumérisme, multiplication des normes et des process entraînant une perte de sens chez les travailleurs - que ce soit dans le secteur hospitalier ou dans les « bullshit jobs » du privé… « Le travail a perdu de sa centralité », conclut Jérôme Fourquet. Difficile, dans ces conditions, de faire accepter l'idée de prolonger la vie active deux ans de plus, d'autant que l'argument financier (si on ne fait rien, on aura un trou dans les caisses) a, pour nombre de nos concitoyens, perdu beaucoup de sa force depuis le Covid-19 et le « quoi qu'il en coûte ».

Même constat d'une opinion partagée « entre colère et résignation » sur l'autre grand dossier du moment, la maîtrise de l'immigration. Ce, alors que l'annonce par Elisabeth Borne de l'ajournement du projet de loi s'est télescopée avec la crise à Mayotte pour nourrir le sentiment d'une impuissance de la classe politique à s'emparer des vrais problèmes.

Un tableau qui ouvre la voie de l'Elysée à Marine Le Pen pour 2027 ? « Avec un score de 41,5 % au deuxième tour de 2022 et 89 députés RN envoyés à l'Assemblée nationale, on ne peut plus écarter par principe cette éventualité, comme on le faisait jusqu'ici », répond le politologue.

4 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Responsabiliser les consommateurs

Natacha Valla www.clubopenprospective.org Dans un monde de plus en plus conscient de son empreinte écologique, le rôle des consommateurs dans la responsabilité sociale et environnementale devrait reve

A Davos, l'IA a occupé le coeur des débats

Nicolas Barré et Jean-Marc Vittori Deux sujets ont fait consensus cette année lors du Forum économique mondial de Davos : l'intelligence artificielle générative, qui va avoir des effets massifs sur le

bottom of page